La présidente tanzanienne, Samia Hassan, continue d’enchaîner les succès. Après avoir dépassé la crise politique liée au décès de John Magufuli, et décrété une série de projets de développement, elle établit enfin son contrôle sur le parti au pouvoir CCM.
Lors d’un congrès extraordinaire du Chama cha Mapinduzi (CCM), vendredi, la présidente de la Tanzanie a été élue présidente du parti. Bien qu’elle fût seule candidate, le fait que personne du cercle du défunt Magufuli ne se soit présenté en dit long. Samia Hassan s’était assuré le soutien des partisans de Magufuli en en gardant les plus influents au gouvernement. Toutefois, au sein du CCM, Hassan compte bien établir son pouvoir. A peine un jour après avoir été votée présidente du parti, elle y a opéré un grand remaniement.
Des nominations imprévisibles, entre continuité et renouveau
C’est donc au centre de conférences Jakaya Kikwete, que 1862 votes des délégués régionaux du CCM ont penché pour la nouvelle cheffe du parti. Notons que même la fameuse Angellah Kairuki, farouche héritière de la politique de Magufuli, n’a pas protesté. Kairuki a été nommée dans le top 20 des femmes africaines les plus influentes par Forbes. Actuellement, elle occupe le poste de ministre des Investissements de l’Etat.
Néanmoins, Kairuki ne faisait pas partie des noms proposés par Hassan au Conseil du CCM. Les membres du Conseil sont souvent désignés comme les prochains dirigeants de la Tanzanie. Le parti au pouvoir a compté, en effet, tous les présidents de l’histoire du pays parmi ses rangs.
Alors, Daniel Chongolo, maire de Kinondoni, à Dar es Salam, sera le nouvel homme fort du CCM. Il remplira le poste après que le précédent Secrétaire général, Bashiru Ally, l’a abandonné suite au décès de Magufuli. Cependant, afin d’équilibrer les pouvoirs au sein du parti, Samia Hassan a effectué un choix plus polémique. La présidente tanzanienne a désigné Shaka Hamdu Shaka, un proche de John Magufuli, comme secrétaire de l’Idéologie et de la publicité. Ce poste clé tient son importance des divisions ethniques et religieuses au sein du CCM. En effet, la présidente Hassan est musulmane de Zanzibar. Toutefois, Shaka, comme le défunt président Magufuli, est catholique pratiquant de la région continentale.
Plusieurs autres nominations imprévisibles ont eu lieu lors de la première réunion de la direction du CCM. Deux visages de l’opposition, Seleman Mathew et Lazaro Nyalandu, ont été nommés au Conseil. En l’occurrence, les deux sont respectivement un dirigeant du CCM qui avait déserté, et un représentant du parti d’opposition Chadema.
Une présidente populaire
Toutefois, les réactions aux choix de la présidente Hassan ont été globalement positives. Dans la presse tanzanienne, on lit : « la présidente ne croit pas aux grands noms, uniquement aux résultats ». Le changement sera donc la priorité de Samia Suluhu. Elle a déclaré : « Vous avez une responsabilité envers le parti et envers la nation. Les réformes récentes, mes 34 ans d’expérience, et nos efforts combinés emmèneront le pays vers la prospérité. », a-t-elle annoncé.
Effectivement, Samia Hassan n’a pas attendu la fin du deuil national pour le décès de Magufuli pour commencer à travailler. A peine quelques jours après son investiture, elle a mis en place des mesures sanitaires, que son prédécesseur refusait. Ensuite, elle a accompli un accord avec le président ougandais, Yoweri Museveni, afin de commencer les travaux du nouvel oléoduc. Ce projet, qui transportera le pétrole ougandais vers les ports tanzaniens, est le plus ambitieux dans l’histoire de l’Afrique de l’Est.
Enfin, à l’occasion de la Journée de l’Union du 26 avril, Hassan a versé les coûts des festivités équitablement aux gouvernements de Tanganyika et de Zanzibar. De plus, elle a gracié 5000 prisonniers, dans un geste qui lui a valu un plébiscite populaire.