L’Egypte et la Russie ont convenu de reprendre les vols touristiques entre les deux pays lors d’un appel entre les présidents el-Sisi et Poutine. Cette décision intervient un jour après l’accord commun de produire le vaccin russe Spoutnik V en Egypte.
Depuis l’explosion du vol MetroJet 9268 en 2015, l’Egypte et la Russie entretiennent des relations diplomatiques pour le moins hostiles. Toutefois, les intérêts communs sur le Tigré, ainsi que sur le contrôle turc de la Méditerranée orientale et le dossier libyen semblent avoir rabiboché les présidents Vladimir Poutine et Abdel Fattah el-Sisi.
Alors que l’Égypte fait face à un nouveau pic de cas de Covid-19 en plein Ramadan, deux décisions ont été prises. La première est la reprise des vols touristiques entre la Russie et l’Egypte. La seconde est le début de la production du vaccin Spoutnik V en Egypte.
Spoutnik V made in Egypt
L’Algérie avait annoncé un accord similaire début avril. Et l’Egypte sera le prochain pays africain à entrer en lice pour produire le vaccin Spoutnik V en Afrique. Selon un communiqué du gouvernement égyptien du 22 avril, 40 millions de doses seront produites par an, et Minapharm aura le droit de les vendre à l’étranger aussi.
La déclaration de l’Egypte arrive au lendemain de l’annonce que la société égyptienne Minapharm deviendrait la deuxième société en Afrique du Nord à produire le vaccin russe contre la covid-19, Spoutnik V. Selon une déclaration conjointe de la société et du Fonds d’Investissement Direct Russe (RDIF), Minapharm produira 40 millions de doses du vaccin annuellement. Ceux-ci deviendront les premiers vaccins Spoutnik V dont les modalités de « distribution mondiale » seront prévues plus tard cette année.
L’Egypte n’a vacciné que 0,1 % de sa population à ce jour, selon le ministère de la Santé égyptien. Alors que les cas augmentent, un avertissement des autorités égyptiennes le mois dernier annonçait une troisième vague d’infections en plein Ramadan. Cela n’a cependant pas empêché Moscou de conclure un autre accord d’envergure avec le Caire, mettant au clair que le coronavirus n’est pas un élément de l’équation.
Les vols touristiques reprennent dans trois semaines
Les vols entre l’Egypte et la Russie avaient été suspendus, après l’écrasement d’un Airbus A321 dans le Sinaï en octobre 2015 tuant 224 vacanciers russes. Peu de temps après l’accident, l’Etat islamique au Sinaï en avait revendiqué la responsabilité. Les enquêteurs russes ont conclu que la cause était un engin explosif embarqué. L’Egypte, elle, avait initialement annoncé une panne technique. Peu de temps après, el-Sisi a confirmé l’implication des terroristes de l’Etat Islamique. Une crise diplomatique s’en est suivie car le président égyptien avait insinué que la Russie était naïve de penser que l’Egypte pouvait être responsable.
La décision a été prise de reprendre les vols suite à « la coopération entre les deux parties sur cette question, et sur la base des normes de sécurité et de commodité prévues pour les visites des aéroports égyptiens », a indiqué vendredi le communiqué de la présidence égyptienne.
L’annonce ne précisait pas de calendrier pour la reprise des vols, mais l’agence de presse russe Interfax a rapporté plus tôt cette semaine que les vols pourraient redémarrer dès le 15 mai. L’Egypte était une destination majeure pour les touristes russes, avec des dizaines de milliers de voyageurs chaque année.
Il semble donc que la diplomatie russe en Afrique du Nord ait entrepris une bonne dynamique. Actuellement, la Russie participe positivement à l’affaire du Tigré et au dossier libyen. L’alignement des intérêts russes et égyptiens était sine qua non à la reprise des relations entre les deux pays. On peut donc présumer que l’Egypte fera partie de l’entente entre l’Algérie, la Turquie et la Russie sur la question de la Méditerranée orientale. Les intérêts des quatre pays s’accordent aussi sur la Libye. Serait-ce une nouvelle coalition internationale, incluant Ankara et Moscou, qui se forme en Afrique du Nord ?