Emmanuel Macron s’est porté caution auprès de banques françaises pour le financement de contrats d’armement avec l’Egypte. Le président français a refusé d’évoquer les problèmes de droits de l’homme bafoués par le sanguinaire al-Sissi.
Lors de la 46e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui s’est terminée le 23 mars dernier, une déclaration conjointe par des Etats membres de l’ONU sur la situation des droits humains en Egypte a été présentée. Ils sont 31 pays à avoir soutenu la déclaration proposée par la Finlande, qui appelle l’Egypte à « mettre immédiatement fin à l’impunité » concernant les violations des droits humains, à cesser « les abus de procédure » ou encore à l’usage excessif de la « détention préventive prolongée ». Parmi les signataires de ce texte, la France. Pour la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), « les Etats signataires de cette déclaration, comme la France, doivent en prendre toute la mesure et réellement prioriser le respect des droits humains dans leurs relations diplomatiques et commerciales avec l’Egypte ».
« La France ne conditionnera pas aux droits de l’homme sa coopération en matière de défense avec l’Egypte » (Emmanuel Macron)
La FIDH demande ainsi « au gouvernement d’Emmanuel Macron de revoir son partenariat dit stratégique avec l’Egypte et de mettre un terme aux ventes d’armes françaises vers tous les pays qui violent les droits fondamentaux ». Mais début décembre, alors qu’il s’apprêtait à recevoir Abdel Fattah al-Sissi à Paris, le président français avait affirmé que « la France ne conditionnera pas aux droits de l’homme sa coopération en matière de défense avec l’Egypte, car une telle politique affaiblirait Le Caire dans la lutte contre le terrorisme ». Autrement dit, la lutte contre le terrorisme nécessite bien de fermer les yeux sur les manquements en matière de droits de l’homme. Or, c’est justement grâce à sa loi antiterroriste que l’Egypte emprisonne ses opposants. Trois membres d’une ONG, EIPR, avaient été poursuivis en 2020 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». « La loi antiterroriste est utilisée comme une punition contre les défenseurs de droits de l’homme en Egypte », résumait alors Lobna Darwish, membre de l’lEIPR.
https://t.co/Ugc74FsR68 pic.twitter.com/Z7hZHALvRk
— francois burgat (@frburgat) May 6, 2021
Un satellite espion français vendu à l’Egypte
Pour quelques milliards de dollars, Emmanuel Macron accepte donc de fermer les yeux sur la dictature égyptienne. Pire, le président français continue de voir en al-Sissi un véritable partenaire économique. Début mai, la France s’est portée caution auprès de banques hexagonales pour un financement de 5,4 milliards d’euros, en vue de contracter plusieurs contrats d’armement avec l’Egypte. Outre la vente de 30 Rafale, Paris a aussi validé la vente d’un satellite d’observation, via la société Airbus, et de deux avions ravitailleurs MRTT. Le deal est dans les tuyaux de l’Elysée depuis décembre dernier. La sortie d’Emmanuel Macron sur les droits humains prend donc aujourd’hui tout son sens. Et la déclaration commune du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui était, selon Amnesty International, envoyait « un message clair aux autorités égyptiennes » tombe finalement à plat. Car face au accords commerciaux contractés avec l’Egypte, Emmanuel Macron a fait son choix : balayer les droits de l’homme et les envoyer sous le tapis. L’argent n’a, paraît-il, pas d’odeur. Pas même celle du sang.