Entre Alger et Paris, cela se complique ! Après le report de la visite du Premier ministre Jean Castex, prévue pour dimanche, des slogans anti-français se sont multipliés lors des manifestations du Hirak.
Un sentiment anti-français, déjà omniprésent en Algérie, est en train de grandir ces derniers jours. Les slogans du Hirak en témoignent. Le report de la 5e session du Comité intergouvernemental franco-algérien (CIHN), dû à l’absence du Premier ministre français Jean Castex, montre que les relations entre les deux pays ne sont pas franchement chaudes.
Depuis plusieurs mois, un autre sujet ne cesse de fragiliser les relations franco-algériennes : le travail de mémoire sur le million et demi de martyrs, morts du temps de la colonisation. La mémoire nationale « ne fera pas l’objet de renonciation ni de marchandage », avait déclaré Abdelmajid Tebboune lors d’une interview.
Les actes symboliques de Macron ne semblent pas rassasier l’appétit des Algériens pour la justice. Et l’envoi de 24 crânes de fellagas tués au début de la colonisation vers Alger, l’aveu de l’existence de la torture pendant cette période ou encore celui de l’assassinat d’Ali Boumendjel ne représentent en rien de vraies excuses, selon Alger, pour les horreurs qu’ont commises les soldats français lors de la guerre de l’indépendance et durant la colonisation.
La dignité algérienne ne se négocie pas
Les relations entre l’Algérie et la France n’ont jamais été aussi mauvaises. Le fait que Jean Castex s’excuse pour le report de sa visite n’a fait qu’attiser ces tensions. Outre la brèche au décorum des relations diplomatiques, soit l’annulation du seul évènement concrètement « amical » entre les deux pays, prôner le contexte de pandémie sonne comme une insulte pour l’Algérie.
Matignon a même tenté de rejeter la faute sur l’Algérie, pour essayer de sauver la face. « Le Comité est reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable », a annoncé l’entourage de Jean Castex.
Dans un élan de fierté, et dans une démarche plus élégante, Alger a répliqué : « La taille et le format de la délégation française n’étaient pas à la hauteur des enjeux ». En effet, le CIHN n’a pas été tenu depuis 2017. Il s’agit là d’un double constat : celui que la France ne compte pas se réconcilier avec l’Algérie et lâcher du lest, tandis qu’Alger n’est pas décidée à se laisser faire.
Le Hirak et la grogne anti-française
Du côté de l’Algérie, le mouvement du Hirak, qui a fait chuter Abdelaziz Bouteflika en 2019, est le même qui réclame aujourd’hui une attitude plus humble de la France. Un slogan a fait le tour des médias, celui sortant de la bouche d’une caricature de Macron : « Tu n’es pas le bienvenu au pays des martyrs ». Ou encore celui qui indique qu’« il n’y a pas de place pour la France chez nous ». Les pancartes anti-françaises pullulent en Algérie, et avec elles la manifestation de la colère de tout un peuple.
Le Hirak est intrinsèquement un mouvement qui réclame un changement politique national. Or, les Algériens considèrent que la politique française est inhérente au régime qu’ils veulent voir disparaitre. On peut donc présumer que le président Tebboune, le Conseil militaire et les dignitaires de Bouteflika ne sont finalement qu’une affaire interne. Ce que l’Algérie veut chasser en priorité, c’est bel et bien l’entrisme, le noyautage… et l’arrogance français.