La réélection de Patrice Talon à la présidentielle du Bénin ne fait pas de doute. Malgré les tensions qui ont secoué certaines régions du pays cette semaine, le président béninois est sur l’autoroute vers un second mandat, dans une élection sans les principaux opposants.
Patrice Talon navigue tranquillement vers un deuxième mandat. Et ce ne sont pas ses concurrents à la présidentielle de ce dimanche qui pourront lui bloquer la route. La Cour constitutionnelle béninoise avait pris soin d’écarter la plupart des candidatures de l’opposition. Et le président du pays sera donc logiquement réélu dans les prochaines heures.
Mais hier, déjà, une partie de la population criait à la tricherie. Des chefs de quartier sont en effet venus chercher les gens chez eux en fin de journée pour les faire voter, indique Le Point, à qui un observateur de la société civile béninoise parle de « quelques ratés à Cotonou, mais également dans le nord, du fait du retard de l’acheminement du matériel ». Des manifestations ont également empêché le vote dans certains bureaux.
Absence de preuve n’est pas preuve d’absence
Ces quelques irrégularités n’auront que peu d’impact sur le résultat final, dont l’enjeu était finalement le taux de participation. Et celui-ci pourrait bien être faible. Selon l’agence France-Presse, la participation n’a pas dépassé les 30 % dans les bureaux de vote de Cotonou.
De quoi laisser présager une faible participation dans les 15 000 bureaux de vote qui, de plus, ont fermé assez tôt à cause des mesures contre le coronavirus. Il faut dire que pour la population, l’enjeu n’était pas vraiment là : opposé à deux anciens députés, Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, Patrice Talon n’a aucune chance d’être embêté, les deux opposants étant aussi inconnus qu’inoffensifs.
Alors, les pressions et troubles remarqués dans les bureaux de certains départements sont presque anecdotiques. Tout comme les bourrages d’urnes dénoncés par l’opposition. Reste désormais à savoir ce que fera Patrice Talon au moment d’être réélu. Il a le choix : poursuivre sa politique actuelle ou ouvrir un dialogue national avec l’opposition qui n’a pas pu participer au scrutin.
Néanmoins, ce n’est pas l’habitude du président Talon, devenu autoritaire au fur et à mesure de l’avancée de son mandat. Il avait d’ailleurs promis qu’il ne briguerait pas de second mandat.
Un autre problème s’oppose à Patrice Talon : le sort de l’opposante Reckya Madougou et de certains militants du parti Les Démocrates. Après la présidentielle, l’ex-conseillère de Faure Gnassingbé pourra-t-elle sortir de prison ? Accusée de financement du terrorisme, l’opposante aura-t-elle, si elle sort de prison, la possibilité de continuer à critiquer le régime ?