L’accord de Niono, conclu le 14 mars entre la Katiba Macina et le Haut Conseil islamique malien (HCIM), a été renouvelé. Cette fois, l’accord polémique n’a pas de date d’expiration, et les parties prenantes ont toutes consenti à de nouvelles clauses.
Le gouvernement malien, la Katiba Macina et les Dozos de Niono ont tous accepté la prorogation de l’accord de Niono. Ce ne sera pas un mois de paix que le cercle de Niono aura cette fois, mais un cessez-le-feu perpétuel. L’état-major malien pourra maintenir sa présence à Farabougou. De plus, les deux chefs terroristes, le peul Amadou Koufa (Katiba Macina) et le touareg Iyad Ag Ghali (GSIM), ont fait parvenir leur volonté de réconciliation avec l’Etat malien.
Des pourparlers rentables donc pour le ministère de la Réconciliation nationale malien et les populations malinkés du cercle de Niono. Après trois ans d’attentats terroristes, c’est une réelle concorde qui semble prendre lieu dans la vaste région qui s’étend sur le Nord-Est de Bamako.
Une paix satisfaisante, mais fragile
Au niveau sécuritaire, l’armée malienne pourra maintenir sa présence à Farabougou et circuler librement à travers la région. C’était sur une demande expresse du HCIM que la délégation de Katiba Macina a abdiqué à cette demande. En retour, le groupe terroriste d’Amadou Koufa requiert que le gouvernement inclue le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) à l’accord de paix.
De son côté, le gouvernement malien a mandaté Moufa Haidara, le représentant du HCIM, pour renouveler le processus de cessez-le-feu, mais il n’a pas pris d’engagements supplémentaires. En effet, une question reste insoluble, la réaction de la France à cette paix, qui reviendrait à saper son autorité militaire au Mali.
Par ailleurs, après le récent assassinat du dirigeant de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Brahim Ould Sidati, mardi, les accusations ont fusé sur les médias publics français. France 24 a accusé Al-Qaïda, à laquelle appartiennent la Katiba Macina et le GSIM. De son côté, RFI a fait allusion à une implication de l’Etat Islamique. L’idée consentie par Paris et une partie non négligeable du gouvernement malien serait l’implication d’Iyad Ag Ghali, plus influent à Bamako.
Un optimisme prudent entoure donc ce nouvel accord. La présence française au Mali rend la situation plus volatile car, si l’une des nombreuses parties prenantes de ce nouvel accord se sentait lésée, la violence reviendrait promptement. La menace de violence terroriste étant le seul facteur soutenant la présence française au Mali, l’entente de Niono est très fragile.
Enfin, la réelle valeur ajoutée de ce cessez-le-feu est surtout son inconditionnalité par rapport à l’accord du 14 mars. Cette fois, l’armée malienne pourra veiller à ce que les civils et les groupes armés maintiennent la paix. Puis surtout, la vie pourra continuer au Niono, sans la peur quotidienne de nouveaux affrontements armés.