Lors d’une opération conjointe des forces françaises de Barkhane et de l’armée malienne dans le cercle de Niono au Centre malien, 26 terroristes ont été tués. Cette opération militaire annonce probablement la rupture du cessez-le-feu conclu entre le groupe armé Katiba Macina et l’Etat malien.
Une offensive de l’armée française et de son homologue malienne, sur le territoire malien de Niono, a liquidé 26 terroristes selon Barkhane. La semaine dernière, le Haut Conseil islamique malien (HCIM), mandaté par le gouvernement de transition malien, avait renouvelé son pacte de non-agression avec le même groupe auquel appartenaient les individus tués.
#Mali: Another twist involving Barkhane. The mission carried 4/26 an airstrike in the area 35 km from Diabaly, Niono Cercle, Ségou region killing at least 27 militants.
What does this mean to ceasfire and peace accords in the area between population and armed groups? #Sahel pic.twitter.com/856fWDFwfV— Rida Lyammouri (@rmaghrebi) April 27, 2021
Pourquoi Barkhane a-t-elle visé Niono en particulier ?
Depuis des années, les affrontements entre les forces française de Barkhane et les insurgés de la Katiba Macina causaient la mort des civils du Centre malien. C’était donc afin de permettre aux rescapés du conflit du cercle de Niono de rejoindre leurs foyers, que le gouvernement a fait médier le HCIM et les confréries de chasseurs Dozos, pour un accord de paix qui n’a finalement pas duré longtemps.
Les pourparlers avaient duré quelques semaines, le temps d’une première trêve qui a prouvé une certaine efficacité. Les éléments terroristes et l’armée malienne avaient jusque-là maintenu la paix dans le cercle de Niono. Les écoles commençaient à rouvrir leurs portes, et le commerce avait repris. L’armée malienne, elle, a recommencé à circuler sur les Routes Nationales 31 et 34 au centre du pays. Ces routes étaient impraticables pendant des mois, entre les raids des groupes terroristes et les bombardements français.
Le ministère malien de la Réconciliation nationale avait qualifié la prorogation de l’accord de Niono de « victoire pour la paix et l’unité nationale ». Une victoire qui n’arrange pas les intérêts géostratégiques et politico-militaires français. En effet, la France commençait à voir des « trous » se dessiner dans son cercle d’influence au Sahel depuis que le Burkina Faso et le Niger avaient conclu des accords similaires avec les groupes terroristes du Sud-Est malien. De plus, les ONG et les médias commençaient à porter leur attention sur une France qui depuis janvier cause plus de morts civils au Sahel que les terroristes. Enfin, le décès d’Idriss Déby, le président du Tchad et le premier allié de la France au Sahel, menaçait la légitimité de la présence de Barkhane en Afrique.
Des justifications et un futur incertain
Afin de justifier son acte, l’état-major Barkhane a déclaré que l’accord de Niono ne l’engageait pas. Par extension, il n’engagerait pas l’armée malienne, même si cette dernière en avait profité pour se replacer dans la région qui était impénétrable depuis des mois.
Du côté de Bamako, la participation de l’armée malienne s’expliquerait par « une embuscade contre l’armée qui a eu lieu le 26 avril ». Selon Rfi, le gouvernement malien « a facilité l’accord de Niono sans y prendre part ». Pour la France et Mali donc, l’accord de cessez-le feu reste valable, même si une partie prenante de l’entente, Katiba Macina, vient d’essuyer 26 pertes humaines.
La Katiba Macina, dirigée par Amadou Koufa, n’a toujours pas commenté l’attaque. Une célébration de l’accord de paix devait se tenir dans la ville de Niono dans quelques jours. Certaines rumeurs disaient même que Koufa, ainsi que le ministre de la Réconciliation Nationale, Ismaël Wagué, devaient y assister. Mais maintenant, après le véto français, il est improbable que les festivités aient lieu, ou même que l’accord tienne. Aura-t-on droit à plus d’attentats terroristes au Mali dans le futur proche ?