La fin des travaux du Sommet de la CEDEAO à Accra a accouché d’une décision mitigée. D’un côté, la CEDEAO suspendra l’adhésion du Mali. D’un autre côté, ni le pays ni le CNSP ne seront sanctionnés.
Les internautes ont suivi de près le Sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Certains ont auguré que les chefs d’Etats ouest-africains s’indignent contre les déclarations maladroites d’Emmanuel Macron. D’autres ont diffusé de fausses informations sur des sanctions que prendrait la CEDEAO à l’encontre du Mali.
Dès la fin des travaux du Sommet, deux décisions ont été prises par la CEDEAO. Premièrement, le Mali ne siègera plus à la CEDEAO jusqu’à ce que la transition soit couronnée d’élections en février 2022. Deuxièmement, la CEDEAO n’appliquera aucune sanction économique à l’encontre du Mali et du nouveau président, Assimi Goïta.
Assimi Goïta, le vice-président de la transition et auteur de deux coups d’Etat, semble donc avoir remporté une petite victoire diplomatique. En effet, à la suite du premier coup d’Etat malien, la CEDEAO avait appliqué des sanctions commerciales sur le Mali. Ce qui a causé plus de dégâts aux économies des autres Etats membres, et grandement nui aux citoyens maliens, qui dépendent de certains produits exclusivement importés.
La CEDEAO aurait donc tenu compte de cet échec précèdent. De surcroit, le président français avait mis les chefs d’Etats de la CEDEAO en mauvaise posture. En effet, Emmanuel Macron a menacé le Mali de retirer les forces de Barkhane et a suggéré qu’il aurait indiqué aux présidents de la CEDEAO de voter pour des sanctions contre le Mali.
Toutes mes félicitations aux chefs d'États de la CEDEAO,le chantage du président français, est tombé ds la bouillie chaude
— Oumarou Maiga Beidari (@OBeidari) May 30, 2021
De quel côté les représentants des Etats de la CEDEAO se sont-ils rangés ?
Assimi Goïta était présent à la première réunion tenue entre 14 et 18 heures. Il s’était ensuite retiré dans ses quartiers alors que les autres chefs d’Etats tenaient une réunion à huis clos pour délibérer. Seuls 7 des dix chefs d’Etats présents à Accra s’étaient prononcé durant la plénière. La Guinée-Bissau, le Nigéria, le Burkina Faso et le Ghana se sont opposés ouvertement aux sanctions contre le Mali. Le président Ghanéen Nana Akufo-Addo a avancé la bonne foi de Goïta.
Non seulement le putschiste avait transféré Bah N’Daw et Moctar Ouane de la caserne où ils étaient aux arrêts à une résidence surveillée. Mais en plus, Assimi Goïta s’était déplacé à Accra lui-même pour assister au Sommet. L’autorité militaire malienne s’est montrée très réceptive à la médiation de la CEDEAO.
D’un autre côté, le Sénégal, le Niger et la Côte d’Ivoire ont appelé à la prise de mesures sévères envers la junte malienne. Ni les autres chefs d’Etats présents, ni leurs représentants ne se sont exprimés ouvertement sur la question. Après la séance, la délégation malienne s’est retirée, et les autres participants ont tenu une réunion à huis-clos. Elle a duré de 19 à 21 heures. Après cette réunion, la décision conjointe a été prise et la CEDEAO a publié son communiqué.
Ca n'a pas dérangé cette fameuse CEDEAO quand les "chefs d'état" ivoiriens et guinéens se sont assis sur des centaines de cadavres pour démarrer leur mandats illégaux
— Ato Opely (@AtolAlchimiste) May 30, 2021
Que contient le communiqué de la CEDEAO ?
Premièrement, le communiqué de la CEDEAO a insisté sur les crises socio-économique et sanitaire que traverse le Mali. Ensuite il a rappelé le rôle du médiateur Goodluck Jonathan, ancien président du Nigéria. Deuxièmement, la CEDEAO a condamné le coup d’Etat malien, considérant qu’il viole la charte de la transition malienne décidée en septembre 2020.
La communauté économique a décidé de suspendre le Mali de ses institutions. Elle a appelé à la nomination immédiate d’un Premier ministre civil. Puis, la CEDEAO a rappelé l’importance du respect de la durée de transition. Cette dernière prévoit l’élection présidentielle pour le 27 février 2022.
Le communiqué a appelé aussi à ce qu’Assimi Goïta, ainsi que son vice-président et Premier ministre ne se présentent pas à la prochaine élection présidentielle. La CEDEAO a aussi appelé à ce que ses partenaires internationaux (UA, ONU et EU) « continuent à appuyer la transition malienne ».
Des décisions globalement positives pour Assimi Goïta, donc. Surtout dans la mesure où certains chefs d’Etats semblaient déterminés à appliquer des sanctions. Selon les analystes, ce seraient les menaces de Macron qui auraient fait pencher la balance en faveur des autorités militaires maliennes.
Le #Mali suspendu de la CEDEAO mais pas de sanctions contre le pays. La seule demande est la nomination du premier ministre civil. Le colonel Assimi Goita reste chef de l'état, président de la transition comme proclamé par la cour constitutionnelle du pays. https://t.co/NqqzrnwmpU
— 🇬🇳🇬🇧 Alhoussein Fadiga #Peace&Love (@kipe76) May 30, 2021