Twitter établit son premier bureau africain au Ghana et c’est formel. Pour l’instant, la filiale ghanéenne travaillera à distance. L’échange de plaisanteries entre Jack Dorsey et le président ghanéen Nana Akufo-Addo, en revanche, n’a pas été si formel que ça.
Le PDG de Twitter, Jack Dorsey a annoncé pendant le weekend que la société allait établir sa présence en Afrique au Ghana. Peu après, le président Ghanéen Nana Akufo-Addo a révélé qu’il avait tenu, depuis le 7 avril, une réunion virtuelle avec Dorsey où l’accord a été finalisé.
Jack Dorsey et son « Love for Africa »
L’échange entre le magnat de la tech et le président ghanéen ne s’est pas arrêté là. Le va-et-vient de tweets entre les deux décrit une grande amitié : « Twitter est désormais présent sur le continent. Merci au Ghana et à Nana Akufo-Addo », a écrit Dorsey sur Twitter. Akufo-Addo répond : « Le gouvernement et les Ghanéens se félicitent beaucoup de cette annonce et de la confiance que vous accordez à notre pays », a-t-il répliqué.
Après quelques heures, Jack Dorsey a tweeté : « En tant que champion de la démocratie, le Ghana est un partisan de la liberté d’expression, de la liberté digitale et de l’Internet ouvert. », a-t-il écrit. Et le président lui répondit : « Comme je l’ai indiqué à Jack lors de notre réunion virtuelle du 7 avril 2021, c’est le début d’un beau partenariat entre Twitter et le Ghana. ». Un amour sans précédent, donc.
On pourrait se demander si les 13 autres tweets n’étaient pas superflus. Pour Dorsey, ce n’est pas la première fois qu’il s’intéresse aux affaires africaines. Néanmoins, Twitter ne semble s’intéresser qu’aux pays africains anglophones. D’ailleurs, Jack Dorsey avait beaucoup soutenu le mouvement #EndSars au Nigéria. Avec son ami Nana Akufo-Addo, par contre, il se montre très chaleureux.
Jack Dorsey avait préalablement financé des ONG soutenant la santé mentale au Kenya, au Nigéria et au Ghana. Twitter avait aussi lancé beaucoup d’initiatives dans ces trois pays. En 2019, le PDG de Twitter a visité le Kenya, le Nigéria, le Ghana, l’Ethiopie et l’Afrique du Sud.
Pourquoi le Ghana ?
Twitter cherchait clairement un partenariat avec un Etat africain, depuis longtemps. Il semble donc avoir trouvé ce qu’il cherchait au Ghana. Pour peu qu’il s’agisse d’affaires, le Ghana avait été en pole position pour la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont le secrétariat a été inauguré à Accra.
L’infrastructure ghanéenne n’est pas à plaindre non plus, le pays cherche en effet à intégrer la 5G. Plus de 2000 stations de base ont été installés par Huawei pour réduire le gap de connectivité dans les milieux ruraux ghanéens. La solution, appelée Rural Star, permettra aussi au Ghana d’augmenter sa couverture mobile de 83% à 95%. Le pays cherche clairement à se digitaliser.
Il semble cependant étrange que le Ghana, si hostile envers le FMI et ses créanciers européens, qu’il préfère quadrupler sa dette avec des co-arrangeurs anglo-saxons qu’accepter le plan du FMI, investisse autant dans le digital en pleine récession.
En effet, Twitter fait partie des créanciers du Ghana. La société de Dorsey, Square, qui est sur le point de fonder une banque, avait repris 300 millions de dollars de la dette ghanéenne en 2019, qu’elle possède toujours via des fonds d’investissement. Une tranche de dette qui vaut aujourd’hui plus d’un milliard à cause de l’inflation. Ce n’est donc pas le hasard, ni l’amitié de Dorsey et d’Akufo-Addo, qui fait que le Ghana soit le premier pied-à-terre de Twitter en Afrique.