Le PJD est dans la tourmente. Le parti islamiste marocain connaît une situation sans précédent : démissions, scandales et débats houleux ont émaillé la vie de la formation politique, à un peu plus de six mois des élections législatives.
Le Parti de la justice et du développement (PJD) de Saad Dine El Otmani a-t-il, d’ores et déjà, perdu la bataille des législatives ? En dépit de la crise sanitaire et à l’approche des élections prévues en septembre 2021, toutes les formations politiques marocaines se préparent d’ores et déjà à cette échéance. Mémorandums, meetings, communiqués et réunions… Le PJD n’y échappe pas. Et l’enjeu est de taille : après avoir remporté les législatives de 2011 et 2016, le « parti de la lampe » a brillé par ses prises de positions contre la corruption et pour la justice sociale, dans le Maroc post-Printemps arabes. Mais une crise interne pourrait bien rebattre les cartes.
Depuis plusieurs semaines, en effet, le parti islamiste est plongée dans une opération survie. Son objectif est clair : faire bonne figure lors du prochain scrutin malgré ses dissensions internes. La normalisation des relations avec Israël, le débat sur la prochaine légalisation du cannabis et l’approbation de l’amendement du texte de loi pour la mise en place d’un quotient électoral — un nouveau mode de calcul jugé « anti-démocratique » par le PJD —, la formation politique de Saad Dine El Otmani est bien mal en point. Et si les débats ont été houleux en interne, le parti lave désormais son linge sale en public.
Une abstention qui pourrait faire les affaires du PJD
La vague de démissions au sein du parti vient mettre en lumière les clivages déjà existants au sein du PJD. Des élus locaux dénoncent le manque de démocratie et le monopole d’idées de la direction du parti. Saad Dine El Otmani doit également composer avec une forte opposition, celle d’une jeunesse militante restée fidèle à l’ancien secrétaire général Abdel-Ilah Benkirane. Alors que les électeurs se rendront dans les urnes en septembre prochain, la direction encore en poste du parti sait déjà que le mot d’ordre lors de la campagne législative sera « tout sauf le PJD ».
Cependant, le parti islamiste a des chances de rester hégémonique. Pour ce faire, il dispose toujours d’une base électorale solide. Sa légitimité populaire est incontestable et il bénéficie d’un fort ancrage dans les grandes métropoles et milieux urbains, grâce à de solides réseaux. L’invité surprise des législatives, qui pourrait jouer un grand rôle, sera le taux d’abstention. D’ores et déjà, les observateurs prévoient une faible participation. Une aubaine pour le PJD qui pourrait, alors, profiter du désintérêt de la population pour confirmer sa place de premier parti du royaume. Selon, David Goeury, chercheur associé au Centre Jacques Berque et analyste du processus électoral au Maroc, interrogé par Médias24, le PJD sera le principal bénéficiaire d’une abstention record.