Ce vendredi, la CAF a voté à l’unanimité son soutien à la réforme de la Coupe du monde et à la création d’une Superligue africaine. Un mauvais signal envoyé aux fédérations nationales africaines.
Patrice Motsepe, le Sud-Africain à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), est-il en train de porter le coup de grâce au football africain ? Les membres de l’institution se réunissaient, ce vendredi, en Assemblée générale extraordinaire au Caire, en Egypte.
Et parmi les sujets abordés, il a été question d’une « Superligue africaine ». L’idée est déjà dans les tuyaux depuis la campagne électorale qui a amené le Sud-Africain au poste de président de la CAF. Poussé par Gianni Infantino, le patron de la FIFA, Motsepe avait négocié un soutien de l’Italo-Suisse. En échange, Motsepe avait accepté de militer pour une ligue africaine fermée, qui réunirait les plus gros clubs continentaux. Infantino lui avait par ailleurs promis que son club du Mamelodi Sundowns FC serait de la partie.
Et alors que l’UEFA a longtemps milité contre la fameuse « Super League » européenne, estimant que cela allait « tuer le football pour toujours », l’Afrique peut-elle se permettre d’aller à contre-sens ? En lançant son propre championnat d’élite, la CAF ferait, certes, rentrer des recettes intéressantes. Mais seuls vingt clubs seraient concernés, laissant les autres équipes des différents championnats sur le carreau.
Les membres de la CAF ont affirmé, lors de l’Assemblée générale extraordinaire, avoir « reconnu l’avantage potentiel d’une superligue panafricaine et encouragé le Comité exécutif de la CAF à poursuivre son étude et ses investigations afin de finaliser son plan pour le lancement » de la compétition. Si plusieurs pays, comme le Sénégal ou le Bénin, sont de cet avis, pas sûr que les autres nations tirent un quelconque avantage d’une telle compétition. En cas de lancement de la « Superligue » africaine, l’écart risque de se creuser entre clubs et entre fédérations.
Une coupe du monde qui risque de tuer la CAN
Autre sujet abordé par les délégués ce vendredi : le changement de périodicité de la Coupe du monde. Depuis plusieurs mois, Gianni Infantino et Arsène Wenger, entre autres, militent pour un Mondial organisé tous les deux ans, alors que celui-ci se déroule actuellement tous les quatre ans. A quelques semaines de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, une telle initiative serait un raz de marée pour le football africain. La CAF a décidé de suivre le Congrès de la FIFA pour « mener l’étude de faisabilité de l’organisation de la Coupe du monde masculine et féminine tous les deux ans » et « soutiendra fermement leur organisation tous les deux ans » si l’étude est positive.
Une décision prise à l’unanimité par la CAF. Il faut dire que ces derniers mois ont été le théâtre d’un intense lobbying de la part de l’Arabie saoudite — à grand coup de pétrodollars —, bien aidée par le Maroc. Fouzi Lekjaa, le très influent président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), et qui est par ailleurs l’un des cinq vice-présidents de la CAF, a lui aussi milité en faveur d’une réforme de la Coupe du monde, qui donnerait selon lui « davantage d’opportunités aux équipes africaines de progresser en affrontant les meilleures sélections du monde ».
Quid de la Coupe d’Afrique des nations, en cas de Mondial bisannuel ? Steven Martens, directeur technique de la FIFA, a assuré que l’Afrique « pourra conserver la CAN tous les deux ans ». Patrice Motsepe, bien que favorable à une réforme de la Coupe du monde, est apparu légèrement plus troublé. D’un côté, il a assuré que la CAN continuerait « avec certitude ». Mais le Sud-Africain a cependant semblé légèrement gêné, assurant qu’il fallait que « les joueurs ne jouent pas plus de matches qu’auparavant ». Une équation quasiment insoluble. Motsepe propose donc « une révision fondamentale des compétitions ». De quoi laisser craindre le pire pour la Coupe d’Afrique des nations.