C’est ce vendredi 12 mars que la Confédération africaine de football va connaître le nom de son nouveau président. Grâce à un consensus entre les candidats, le Sud-Africain Patrice Motsepe sera élu.
C’est le grand jour pour Patrice Motsepe. Celui qui, il y a un mois encore, pensait devoir mener une lutte âpre contre trois, voire quatre concurrents, cherchant tous à ravir la présidence de la Confédération africaine de football (CAF) va finalement être élu dans un fauteuil. Le beau-frère du président sud-africain Cyril Ramaphosa a obtenu les faveurs de Gianni Infantino.
Le patron de la FIFA a, lors d’une tournée en Afrique, lancé la campagne présidentielle par procuration. Alors que le Sénégalais Augustin Senghor, l’Ivoirien Jacques Anouma et le Mauritanien Ahmed Yahya diffusaient leur programme pour un éventuel mandat à la présidence de la CAF, Patrice Motsepe attendait bien sagement que le patron de la FIFA plaide en sa faveur auprès des patrons de fédérations africaines et des présidents de la République.
Les candidats se réunissent derrière Motsepe
Pourtant, du côté d’Abidjan, tous les moyens avaient été mis à disposition de Jacques Anouma. Atteint de la Covid-19, le candidat avait finalement retardé sa tournée africaine à bord d’un avion mis à sa disposition par Alassane Ouattara. Mais en attendant que l’Ivoirien se rétablisse, plusieurs ministres, parmi lesquels celui des Sports, s’étaient déplacés pour tenter de lui obtenir des voix. Anouma a d’ailleurs été le candidat le plus difficile à convaincre pour Jacques Anouma.
Dénonçant des méthodes « pas trop démocratiques » de la part de Gianni Infantino, le candidat qui dirigea autrefois la Fédération ivoirienne de football (FIF) a finalement accepté un poste de conseil auprès du président de la CAF. Atteint par la limite d’âge, il ne fera pas le premier et dernier mandat qu’il espérait tant.
C’est lors d’un rendez-vous à Rabat, au Maroc, que tout s’est joué. La Fédération royale avait convié les candidats pour leur exposer le plan de Gianni Infantino : se partager des postes clé, et laisser Patrice Motsepe se présenter seul pour le poste de président de la CAF. Un temps réfractaire, Augustin Senghor a finalement dû se plier à la position de son gouvernement.
Les trois adversaires maîtrisés, et Ahmad Ahmad, président sortant, exclu par le Tribunal arbitral du sport, Patrice Motsepe peut d’ores et déjà savourer sa victoire. Infantino également. « Les dirigeants du football africain ont montré qu’il était possible de se fédérer derrière un projet », s’est simplement félicité le président de la FIFA qui assure que les ex-candidats vont désormais pouvoir « défendre un programme ensemble, cette vision d’emmener le football africain au sommet de la pyramide mondiale ».
Un milliardaire au planning très chargé
Mais qu’a Patrice Motsepe de plus que les autres ? Pourquoi a-t-il à ce point tapé dans l’œil de l’Italo-Suisse ? Officiellement, le patron de la FIFA estime que Motsepe, peu expérimenté au niveau des instances internationales de football, représente le renouveau. Le milliardaire est également, dit-il, un atout de poids pour relancer l’attractivité de la CAF auprès des sponsors.
En off, les sources proches de la CAF sont plus terre à terre : Motsepe est avant tout un businessman, et son emploi du temps ne lui permettra pas d’être un président à temps-plein. Ce qui, pour un Gianni Infantino qui désire garder le contrôle, est une aubaine. D’autant que ce n’est un secret pour personne : Motsepe a déjà bien du mal à faire acte de présence pour son club, le Mamelodi Sundowns FC.
S’il sera toujours considéré comme l’homme de main d’Infantino, Motsepe a cependant quelques atouts. Richissime, il ne devrait pas être tenté de voler dans les caisses de la CAF, comme son prédécesseur. De plus, le Sud-Africain semble vouloir faire le bien autour de lui : il dirige une fondation — qui porte son nom — et compte offrir la moitié de sa fortune à des œuvres caritatives.
Mais parachuté, il devra surtout mettre les pieds dans le plat d’une CAF qui nécessite de grands changements. Dans un premier temps, Motsepe devrait appliquer les recommandations d’Infantino, en organisant notamment une CAN tous les quatre ans au lieu de deux. Si certains spécialistes assurent que Motsepe ne sera pas une simple marionnette, le Sud-Africain devra tout de même faire attention : le patron de la FIFA tombe sous le charme aussi vite qu’il trahit. Le Malgache Ahmad Ahmad en sait quelque chose…