Sous la houlette des Etats-Unis, la RDC a revu ses contrats chinois signés sous Kabila. Ceux-ci n’auraient pas été à l’avantage du Congo.
La République démocratique du Congo serait-elle devenu un nouveau théâtre de la guerre froide qui oppose Washington à Pékin ? Après avoir soutenu Joseph Kabila lorsque Bill Clinton était président, les Etats-Unis avaient demandé à l’ex-président de quitter le pouvoir après décembre 2017. Depuis, Washington est resté actif : les Américains soutiennent en effet la politique du président actuel Félix Tshisekedi. L’administration Biden voit en la RDC un allié de poids contre la Chine, qui s’implante de plus en plus en Afrique. Et avant elle, Donald Trump avait lui aussi œuvré en ce sens.
Au mois de mai dernier, la RDC a annoncé qu’elle reverrait les contrats chinois. C’est l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) qui a lancé un pavé dans la mare en annonçant une évaluation des accords signés plusieurs années auparavant. Il y a une semaine, l’ONG Afrewatch affirmait que les « contrats du siècle » signés en 2008 n’étaient pas si intéressants que cela : la RDC est « perdante », contrairement à ce qui avait été annoncé par Kabila à l’époque.
Cette décision de remettre en cause les contrats chinois n’est pas récente. Cela fait en effet environ un an et demi que les Américains poussent le président congolais à revoir ces accords, indique le journal Africa Intelligence. Et pour en arriver là, les USA ont mis à la disposition de la RDC une équipe d’experts spécialistes de la lutte anti-corruption et du droit minier au début de l’année dernière, via l’intermédiaire du cabinet d’avocats Baker McKenzie.
Dette contre contrats miniers
Officiellement, l’objectif était de réaliser un audit de fonds en vue de renégocier avec le Fonds monétaire international (FMI). En réalité, cela a permis d’évaluer la pertinence des contrats signés entre Kabila et la Chine. Parmi eux, celui de la Sino-congolaise des mines (Sicomines). Il en ressort un contrat opaque et une joint-venture qui ne serait pas à l’avantage de la RDC qui aurait perdu plus de 2,5 milliards de dollars sous la forme de dette envers la Chine.
D’autres contrats ont également été étudiés, comme celui de la rénovation de l’aéroport international de N’Djili. Mais le contrat Sicomines est sans aucun doute le plus troublant. Selon l’ONG congolaise Afrewatch, lors de la signature des contrats de 2008, un consortium d’entreprises chinoises allait devoir accorder 6 milliards de dollars de prêts au pays contre un accès privilégié à ses ressources minières. Or, seule la moitié de la somme a réellement été versée, tandis que la Chine a pu accéder à sa contrepartie sans pour autant être freinée.
En se rapprochant des Etats-Unis, le président congolais semble s’éloigner petit à petit du concurrent principal de Washington, la Chine. Une façon aussi de couper à la politique de son prédécesseur, avec qui Tshisekedi n’a cessé de couper les ponts depuis son élection. En fin d’année dernière, la guerre larvée entre le président actuel et Kabila a donné lieu à une empoignade historique. Une renégociation qui permet aussi aux Américains de prendre les marchés aux Chinois : General Electric a signé en février 2020 un Memorandum of Understanding avec Kinshasa, où il va investir près de 1,8 milliard de dollars.