Moins de deux semaines après sa radiation des listes électorales, Tidjane Thiam a annoncé sa démission de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA).
Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.
Une démission sur fond de controverses judiciaires
Tidjane Thiam, ancien directeur général de Crédit Suisse, avait été élu à la tête du PDCI-RDA en décembre 2023 avec une large majorité. Il avait été désigné candidat du parti pour l’élection présidentielle de 2025. Cependant, sa candidature a été remise en question lorsque la justice ivoirienne a ordonné sa radiation des listes électorales le 22 avril 2025, invoquant la perte de sa nationalité ivoirienne suite à l’acquisition de la nationalité française en 1987.
Bien que Thiam ait renoncé à sa nationalité française en février 2025 pour se conformer aux exigences constitutionnelles ivoiriennes, la justice a estimé que cette démarche était insuffisante pour rétablir sa nationalité ivoirienne de manière rétroactive. Cette décision a suscité des débats juridiques et politiques intenses, certains y voyant une manœuvre pour écarter un candidat de poids de la course présidentielle.
Une décision stratégique pour préserver le parti
Dans une déclaration officielle, Tidjane Thiam a expliqué que sa démission visait à éviter une crise institutionnelle au sein du PDCI-RDA. Il a dénoncé un “harcèlement judiciaire orchestré contre lui et le parti” et a exprimé sa volonté de ne pas être un obstacle à la cohésion et à la stabilité du parti.
Ernest N’koumo Mobio, doyen d’âge des vice-présidents du PDCI-RDA, a été désigné président par intérim conformément aux statuts du parti. Il a convoqué un bureau politique ce lundi 12 mai pour discuter des prochaines étapes et de la stratégie à adopter en vue de l’élection présidentielle.
Un avenir incertain pour le PDCI-RDA
La démission de Tidjane Thiam plonge le PDCI-RDA dans une période d’incertitude. Le parti, qui espérait revenir au pouvoir après plusieurs années dans l’opposition, doit désormais trouver un nouveau candidat capable de rassembler les militants et de séduire l’électorat.
Jean-Louis Billon, ancien ministre et figure influente du PDCI-RDA, avait déjà exprimé son intérêt pour la candidature présidentielle. Cependant, sa relation avec la direction actuelle du parti a été marquée par des tensions, notamment en raison de divergences sur la gouvernance et la stratégie politique.
La situation est d’autant plus complexe que d’autres figures de l’opposition, comme Laurent Gbagbo, ont également été déclarées inéligibles, réduisant les options pour une candidature unifiée de l’opposition.
Une crise politique majeure à l’horizon
La démission de Tidjane Thiam et la disqualification de plusieurs candidats de l’opposition soulèvent des inquiétudes quant à la transparence et à l’équité du processus électoral en Côte d’Ivoire. Des observateurs internationaux et des organisations de la société civile ont appelé à des élections libres et inclusives, soulignant l’importance de la participation de tous les acteurs politiques pour garantir la stabilité du pays.
Le PDCI-RDA, en tant que principal parti d’opposition, est désormais confronté à la tâche ardue de réorganiser sa direction et de désigner un nouveau candidat dans un délai très court. La capacité du parti à surmonter cette crise interne et à présenter une alternative crédible au pouvoir en place sera déterminante pour l’avenir politique de la Côte d’Ivoire.