La presse israélienne affirme que les Comores pourraient tisser des liens diplomatiques avec l’Etat hébreu. Une décision qui fragiliserait le président Azali Assoumani au niveau national.
« Les Comores n’ont pas la puissance du Maroc pour jouer la politique du ‘ni-ni’. J’ai donc décidé de suivre l’Arabie saoudite, pays partenaire depuis plus de quarante ans, alors que le Qatar n’est présent que depuis 2008 ». En 2019, en pleine crise du Golfe, Azali Assoumani, président des Comores et candidat à sa propre succession, affirmait soutenir l’Arabie saoudite, qui le lui rendait bien, fiançant à tour de bras des projets sur l’archipel.
Deux ans plus tard, le chef de l’Etat des Comores serait-il en train de faire un autre choix, plus étonnant celui-là : celui d’Israël ?
L’Etat hébreu et l’archipel seraient actuellement en pourparlers, selon le Jerusalem Post. La presse israélienne s’interroge : les Comores sont un pays à majorité musulmane, qui ne représente qu’un dixième de la taille et de la population d’Israël. L’Union des Comores est membre de la Ligue arabe, mais il est surtout l’un des sept pays à avoir informé l’Union africaine (UA), en août dernier, d’une objection quant à la décision de l’instance d’accorder à l’Etat hébreu un statut d’observateur au sein de l’organisation.
Autant dire que les discussions entre les deux parties, si elles existent, portent surtout sur un retour en arrière des Comores au sein de la coalition anti-Israël à l’UA, emmenée par l’Algérie notamment. Surtout, l’Etat hébreu verrait bien une normalisation des relations entre les deux pays, ce qui serait un message fort envoyé au monde arabe. Une source diplomatique de haut rang a indiqué, ce lundi, que Moroni pourrait, à la suite des pourparlers, établir des relations avec Tel-Aviv.
A la manœuvre, les Etats-Unis. Washington avait déjà été très actif au moment de signer les Accords d’Abraham et avait convaincu les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et même le Maroc de faire un pas important vers Israël. L’Etat hébreu ne s’est pas fait prier et aurait pris le relais.
Washington et les Emirats arabes unis à la manœuvre
Mais une nouvelle fois, l’information vient d’Israël et ressemble à une bouteille lancée à la mer… Le ministre israélien de la Coopération régionale Esawi Frej a affirmé lundi que le Qatar, la Tunisie, Oman et la Malaisie pourraient également rejoindre les Accords d’Abraham. Une liste étonnante, que l’on imagine mal signer les fameux accords.
En septembre 2020, il avait déjà été question d’un rétablissement des relations Israël-Comores, mais Saïd Cheïk Saïd Hassane, directeur général chargé du monde arabe au ministère comorien des Affaires étrangères, avait démenti des rumeurs « sans fondement ».
S’il signait les Accords d’Abraham, Azali Assoumani devrait dans un premier temps convaincre son partenaire numéro 1 : Riyad. L’Arabie saoudite, qui milite toujours pour une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien, a refusé de suivre les Emirats et de normaliser ses relations avec Israël. Mais les EAU sont eux aussi influents aux Comores : ils fournissent à Azali du matériel important pour la sécurité intérieure de l’archipel.
Absolument ! Les Émirats ont multiplié les initiatives depuis la signature de l’accord de défense avec les Comores et fournissent de surcroît au président Azali les « moyens de ses ambitions » : gestion matérielle de la sécurité intérieure: quadrillage, sécurité & surveillance
— Laylâ (@Leiyla08) October 18, 2021
Reste qu’une normalisation avec Israël ne passerait pas du tout dans son propre pays : la population comorienne n’apprécierait pas. Mais surtout, dans son camp politique, Azali ne trouverait que peu d’alliés favorables à sa décision. Pire, les religieux, très influents dans la sphère politique et au sein du parti au pouvoir, sont totalement opposés à de possibles relations diplomatiques avec Tel-Aviv. En septembre 2020, alors qu’était évoquée la normalisation des relations entre Israël et les Comores, le mufti de l’Union dénonçait la rumeur.