Le président de la Cedeao, Umaro Sissoco Embaló, a demandé au secrétaire général des Nations unies d’interdire les interventions des présidents et gouvernements de transition à la tribune de l’ONU.
Lasse d’être comparée à un « syndicat des présidents » ouest-africains, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) aimerait être désormais épargnée par les intervenants à la tribune de l’Organisation des Nations unies. Après les sanctions annoncées contre la Guinée, le gouvernement de la Transition du Mali avait souligné « que l’objectif de la Cedeao est d’améliorer les conditions de vie des populations et non d’adopter des sanctions contre-productives les affectant ».
Lors d’un discours aux Nations unies, le mois dernier, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga s’en était pris à plusieurs présidents de la Cedeao, dont Alassane Ouattara, accusé d’avoir lancé « une manœuvre pour s’éterniser au pouvoir ». A Umaro Sissoco Embaló, il avait rappelé le rôle originel de l’instance sous-régionale et indiqué que « la dynamique ayant fait la grandeur de la Cedeao ne doit pas être brisée ». Maïga avait affirmé avoir pris acte de « la menace de sanctions proférée contre le Mali. Et, loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au président en exercice de la Cedeao qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non sur des shows médiatiques servant des agendas étrangers ».
Échanges musclés entre Embaló et les dirigeants de transition
Une attaque en règle qui a passablement irrité le président bissau-guinéen, actuellement à la tête de l’instance. Selon Jeune Afrique, Umaro Sissoco Embaló a adressé un courrier au secrétaire général des Nations unies, António Guterres. Le président en exercice de la Cedeao aurait exhorté le patron de l’ONU à bloquer toute intervention de la Guinée à la tribune des Nations unies. Plus généralement, le chef de l’État bissau-guinéen demande que plus aucun président ou membre d’un gouvernement de transition découlant d’un coup d’État ne soit invité à s’exprimer publiquement devant ses pairs.
Outre le Mali, le président bissau-guinéen a été également visé par le Premier ministre guinéen Bernard Goumou. Ce dernier estime qu’Umaro Sissoco Embaló est un « guignol dans le manteau d’homme d’État ». Le chef du gouvernement de transition, qui qualifie Embaló d’« amuseur public de Bissau », estime que la Guinée est devenue une « obsession » pour la Cedeao. Le président de l’instance préfèrerait ne plus être ciblé, notamment au moment de diriger son regard vers la tribune de l’ONU. Sa missive envoyée au secrétaire général de l’organisation internationale sera-t-elle suivie d’effet ? Cela ressemble en tout cas à une nouvelle tentative de la part de la Cedeao d’isoler la Guinée, le Mali et le Burkina Faso.