Alors qu’il est apparu en public lors de la parade de la Fête de l’unité nationale, le président du Cameroun est actuellement plébiscité par ses partisans pour se présenter en 2025 à la présidentielle.
C’est une méthode bien connue lors des mois qui précèdent une élection présidentielle : avant qu’un chef de l’État ne soit candidat à sa propre succession, ce sont des militants ou des comités de soutien qui lancent un appel à candidature. Histoire d’aller au front, de tester la popularité d’une telle décision et, surtout, de créer un plébiscite, aussi artificiel soit-il.
Mais quand le président en question a déjà 90 ans et que son état de santé interroge, le travail est encore plus laborieux. Le 20 mai dernier, le président camerounais Paul Biya a, certes, bien présidé la parade pour la Fête de l’unité nationale. Mais en coulisse, plusieurs personnalités alertent : souffrant de douleurs au genou, qui obligent Biya à se déplacer en fauteuil, le chef de l’État n’a plus les capacités de présider le pays.
Ce n’est pas l’avis du ministre de la Santé publique Manaouda Malachie. Ce dernier a réuni plusieurs cadres du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au stade municipal de Mokolo, au nord du Cameroun. L’objectif était clair : appeler Paul Biya à être candidat pour la présidentielle de 2025.
Un départ pour le moins prématuré. Il reste un peu moins de deux ans, ce qui est relativement long lorsque l’on parle de politique. En 2025, Biya aura 92 ans. Il en aura 99 s’il va au bout de son prochain septennat. « Rien ne peut nous dévier de notre trajectoire, celle de le soutenir pour un nouveau mandat », a indiqué l’un des participants au meeting.
Couper l’herbe sous le pied des opposants
En juillet dernier, alors interrogé sur la question, le président camerounais avait, semble-t-il, feint de ne pas avoir entendu la question. Emmanuel Macron, à ses côtés, avait alors demandé à son homologue s’il serait candidat en 2025. Le président Biya avait contourné botté en touche en indiquant : « Le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Selon cette Constitution, le mandat que je mène à une durée de sept ans. Alors essayez de faire la soustraction et vous verrez combien de temps il me reste ». Avant d’assurer que s’il se présentait en 2025, les journalistes en seraient « informés » en temps et en heure.
Mais à quoi rime le meeting du ministre de la Santé publique, si tôt ? Il s’agit tout d’abord de couper l’herbe sous le pied de l’opposition qui, elle, est en campagne perpétuelle. Comme le rappelle la presse, Maurice Kamto a déjà prévu de se rendre en France pour s’adresser aux Camerounais de l’étranger, dans la semaine.
Il s’agit également de mettre fin aux guerres internes. Car, déjà, au sein du parti et dans les couloirs du palais, on prépare la succession de Biya. Ce dernier, embarrassé par la crise économique mais aussi par l’affaire Martinez Zogo et par la crise anglophone, se met régulièrement en scène. Alors qu’on le dit malade, il n’hésite jamais à apparaître lors d’événements, comme celui de samedi, ou sur des clichés, comme lors d’anniversaires. Reste à savoir s’il sera candidat en 2025. Si ses partisans assurent que « Paul Biya a encore du temps devant lui », le temps est encore long avant le début de la campagne.