Le président burundais estime que des hommes d’affaires, qualifiés de « traitres à la nation », sont responsables des pénuries régulières de carburants dans le pays.
En février déjà, les journaux burundais tiraient la sonnette d’alarme : une pénurie de carburant touchait une nouvelle fois le pays. Les produits pétroliers étaient bien encore acheminés, pour ce qu’il en restait, vers la capitale économique Bujumbura qui les redistribuait au reste des provinces du Burundi. Mais force est de constater que, depuis 2015, les pénuries de carburants s’enchaînent à un rythme effréné.
Le gouvernement burundais a tenté de trouver une solution, notamment en confiant l’approvisionnement en essence à une société opaque, Prestige, et à la Regideso, la société publique qui était déjà en charge de la distribution de l’eau et de l’électricité, alors qu’Interpetrol détenait jusque là le monopole de l’importation d’essence. Mais pour l’entreprise publique, la gestion du carburant n’est pas son métier et il fallait déjà voir ailleurs la raison de ces pénuries, à savoir le manque de réserves de dollars.
Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, vient d’admettre que les pénuries étaient la conséquence d’un manque de devises. En deux semaines, le Burundi a déjà enregistré une demi-douzaine de pénuries, et cela risque de se poursuivre. Face à la grogne, Evariste Ndayishimiye a trouvé les boucs-émissaires parfaits : les hommes d’affaires.
Ndayishimiye affirme que « les causes du manque de carburant sont très complexes ». Et selon lui, les hommes d’affaires n’œuvreraient pas pour le bien commun. « Je me suis rendu compte en effet que travailler avec des hommes d’affaires qui ne sont pas des patriotes, c’est comme travailler avec des traitres », poursuit le président.
Et Evariste Ndayishimiye de démontrer une sorte de circuit parallèle emprunté par les carburants : « Quelqu’un qui va chercher du carburant à Dar-es Salaam, où nous avons de nombreux stocks, revient au Burundi et décide de fournir uniquement ses proches, et donc entraîne une pénurie dans le pays. Est-ce que ce n’est pas un traître ? Je me demande parfois si je ne dois pas tous les rayer de la liste de nos fournisseurs et en chercher d’autres ».