Le concurrent de Bolloré, MSC, a décidé de racheter la branche de logistique et de transports en Afrique du groupe français. Une vente qui pourrait être effective en mars prochain.
5,7 milliards d’euros. C’est la somme proposée, il y a quatre jours, par Mediterranean Shipping Company (MSC) au groupe Bolloré pour s’adjuger les activités de transport et de logistique du Français. Un montant qui devrait faire infléchir Vincent Bolloré, qui n’en espérait pas tant.
Mise en vente en septembre, l’entreprise Bolloré Africa Logistics avait été évaluée entre 2 milliards et 3 milliards d’euros. Présent dans 47 pays africains et 60 pays hors Afrique, le groupe est une véritable machine qui « prend en charge toutes les démarches administratives et douanières en amont et en aval du transport, à l’import comme à l’export » et assure « l’acheminement des marchandises jusqu’à leur destination finale ».
L’armateur italo-suisse, lui aussi un groupe familial, était spécialisé dans le transport maritime mais se verrait bien investir massivement dans l’activité portuaire africaine. Et pour ce faire, les actifs de Bolloré Africa Logistics l’intéressent au plus haut point.
C’est conseillé par le cabinet Gide que MSC a monté cette proposition de rachat. Une discussion tripartite s’est alors engagée, entre les avocats de Gide, les juristes de MSC et les cabinets de conseil de Bolloré, Allen & Overy et Bompoint. Entre temps, il a fallu un accord de l’Elysée, qui a accepté que les discussions se poursuivent.
L’influence française en déclin
Mais rien n’est pour autant fait : le groupe MSC s’est donné jusqu’au 31 mars 2022 pour honorer la promesse de rachat de son concurrent. Mais le Français n’ira pas voir ailleurs : ce lundi 20 décembre, Bolloré et MSC ont signé un accord d’exclusivité.
Dans trois mois, la France va perdre l’un de ses fleurons sur le continent. Ce sera aussi la fin d’une série d’affaires judiciaires de grande ampleur. Le groupe Bolloré est régulièrement accusé de corruption ou de détournements de fonds. Bolloré a soutenu de nombreux dictateurs, d’Alpha Condé à Faure Gnassingbé, avec qui il a tissé des liens d’amitié. Il a offert à ses amis chefs d’Etat des services de communication via la société Havas.
La fin de Bolloré en Afrique montre surtout à quel point l’homme d’affaires ne s’entendait pas avec le président français, Emmanuel Macron. Auparavant, Vincent Bolloré était soutenu par l’Elysée, surtout au moment du quinquennat de Nicolas Sarkoay. Mais, cité par Le Monde, l’entourage présidentiel affirme que l’Elysée était « bien le dernier endroit » que Vincent Bolloré prévenait de ses intentions.
#Bollore is going out of Africa ports. pic.twitter.com/2eI1JMFuPj
— KOUAM JOEL HONORE (@honore123) December 22, 2021