Le ministre chinois des Affaires étrangères a effectué une tournée en Afrique. Il a visité cinq pays, parmi lesquels l’Égypte, le Gabon ou encore le Bénin. Quel est le bilan de ce voyage ?
Chaque début d’année depuis plus de trois décennies, la diplomatie chinoise se lance dans une tournée africaine qui montre l’intérêt du continent pour l’Empire du Milieu. Avec, cette année, un triple enjeu : au-delà des relations politiques et économiques à consolider, Pékin présentait son nouveau ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, nommé à son poste le 30 décembre dernier, et il s’agissait également de contrer les États-Unis, quelques jours seulement après un sommet USA-Afrique qui a fait la une de l’actualité.
Le chef de la diplomatie chinoise s’est cantonné à des visites dans cinq pays. D’un côté, l’Angola était une destination inévitables tant l’influence chinoise dans ce pays est forte. Après 2002 et la crise interne, l’Angola a en effet fait appel à la Chine pour se reconstruire, nouant de nombreux partenariats économiques et financiers. Plus surprenant, le ministre chinois des Affaires étrangères s’est également rendu en Éthiopie, au Bénin, au Gabon et en Égypte. Pour quoi faire ?
Pékin vise les institutions internationales
Pour ce qui est de l’Éthiopie et de l’Égypte, il s’agissait surtout pour Pékin de montrer son influence continentale et régionale. Dans ce premier pays, le chef de la diplomatie chinoise inaugurait le nouveau siège du Centre de contrôle des maladies de l’Union africaine (CDC Africa), dont Pékin a financé la construction. En Égypte, c’est plutôt la Ligue arabe qui est dans la ligne de mire de la Chine. Si Pékin a noué des partenariats avec Abdel-Fattah al-Sissi, le ministre chinois des Affaires étrangères a également profité de son séjour au Caire pour s’entretenir avec le secrétaire général de la Ligue arabe.
Mais il n’a pas seulement été question d’influence. Les ressources naturelles africaines intéressent énormément la Chine. Notamment en Éthiopie. Ce qui a irrémédiablement conduit Qin Gang à proposer au Premier ministre Abiy Ahmed un report du remboursement de la dette, pour un montant avoisinant les 4,5 millions de dollars. Reste à savoir ce qu’a promis, en échange, le chef de la diplomatie chinoise, qui lorgne sur les nombreuses ressources naturelles du pays.
Annulations et reports de dette chinoise
La dette est d’ailleurs l’un des principaux leviers actionnés par la Chine — l’Empire du Milieu a déboursé plus de 150 milliards de dollars depuis deux décennies au titre de la dette en Afrique. Au Bénin, Qin Gang a signé un protocole d’accord non pas sur un report mais sur l’annulation partielle de la dette chinoise. Et comme bien souvent, aucune des contreparties négociées avec Cotonou n’a fuité.
Enfin, le seul mystère de cette tournée chinoise en Afrique restera le Gabon. Sur place, Qin Gang s’est entretenu avec un Ali Bongo Ondimba qui cherche actuellement à être réélu dans un fauteuil. Pékin a affirmé vouloir aider le Gabon, sans qu’aucun accord ne soit signé lors de cette tournée. Certes, l’Empire du Milieu est le partenaire le plus prolifique de Libreville. Mais le Gabon se tourne actuellement vers le Commonwealth, et nul doute que le nouveau partenaire britannique du pays verrait d’un mauvais œil que Pékin continue à se développer sur place. Le ministre chinois des Affaires étrangères a cependant promis d’aider Bongo à « avancer le Plan Stratégique Gabon Emergent » et de se lancer dans « une coopération gagnant-gagnant ». Venant de Pékin, on a du mal à croire à cette dernière promesse…