Alors qu’il a pris ses fonctions à l’Union africaine il y a quelques semaines, le président des Comores, Azali Assoumani, se concentre sur la situation compliquée à Mayotte, point de divergence entre Paris et Moroni.
Nouveau président de l’Union africaine (UA), le chef de l’État des Comores, Azali Assoumani, est préoccupé par ce qui se déroule actuellement dans l’archipel. En visite à Paris, en début de semaine, le patron de l’UA a préféré évoquer, auprès des médias et du président français Emmanuel Macron, la situation des Comores, balayant très rapidement sa mission continentale.
Pourtant, pour Azali Assoumani, les sujets liés à ses fonctions ne manquent pas. Alors que l’un de ses défis prioritaires est la mise en place effective de la zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), le président de l’Union africaine veut également s’attacher au règlement de l’urgence climatique ou encore à la question du terrorisme au Sahel. Mais, hasard malheureux du calendrier, le Soudan s’est également invité dans les couloirs de l’UA qui, explique Assoumani, « occupera toute la place que lui accorderont les belligérants ».
Reste que ces sujets ont été effleurés lors de son passage à Paris. Car Azali Assoumani ne digère pas le lancement des opérations « Wuambushu » par la France, dont le but est de lutter contre l’immigration clandestine à Mayotte. Interrogé par Jeune Afrique, le chef de l’État comorien met les pieds dans le plat : « L’approche aujourd’hui employée par Paris pour régler le problème mahorais est mauvaise, assure-t-il. Il est plus que temps de nous asseoir autour de la table pour tenter de trouver une réponse satisfaisante pour tout le monde ».
La question de la souveraineté remise au goût du jour
Azali Assoumani s’émeut d’avoir été « mis devant le fait accompli » par l’Élysée, alors même qu’il avait rencontré le président et plusieurs ministres auparavant. Conséquence : les bateaux en partance de Mayotte ont été interdit, sur ordre du président de l’archipel, d’accoster aux Comores.
Mais en toile de fond, c’est surtout la souveraineté de Mayotte qui ressurgit. L’opération « Wuambushu » est jugée « inacceptable » par le président des Comores, qui interroge : « Comment puis-je affirmer que Mayotte appartient aux Comores et accepter que des Comoriens soient expulsés de Mayotte ? »
En effet, la souveraineté française sur Mayotte s’est imposée de manière de plus en plus indue ces dernières années, malgré les condamnations timides de l’Organisation des Nations unies. Les Comores, de leur côté, n’ont cessé de condamner la départementalisation de Mayotte en 2011 par la France et le statut de région ultrapériphérique donné par l’Union européenne à l’île.
Avec le retour, au premier plan, des dissensions entre les Comores et la France, Azali Assoumani semble désormais concentré sur la situation dans l’archipel plutôt que par sa président de l’UA. Avec, face à lui, un président français sourd à ses revendications. Pour le chef de l’État comorien, les relations avec Paris risquent de se dégrader. Il déplore d’ailleurs que « la coopération française ne se voit pas aux Comores alors qu’elle y a investi vingt fois plus que d’autres de nos partenaires en quarante ans ».