Ce samedi devrait être paraphé le document lançant la transition au Soudan. Mais plusieurs désaccords risquent de faire échouer sa signature.
La promesse était belle. Après le renversement d’Omar el-Bechir en avril 2019, après trois décennies passées à la tête du Soudan, le peuple imaginait retrouver une gouvernance plus souple, avec la mise en place du Conseil de souveraineté (CDS), chargé de planifier une transition démocratique et de mettre d’accord militaires et civils quant à la tenue d’élections en 2023. Nous sommes au mois de mars et force est de constater que le calendrier était un peu trop irréaliste.
Le 25 octobre dernier, à la faveur d’un coup d’État militaire, le CDS était dissout. Et si, malgré les protestations dans le pays, Abdel Fattah al-Burhane a tenu bon, c’est parce qu’il a promis à la communauté internationale de respecter les accords internationaux en vigueur. Mais des élections en 2023 semblent impossible, et la répression contre les manifestants laisse à penser qu’il sera difficile, à court terme, pour les civils, de reprendre le pouvoir.
La feuille de route non respectée ?
Pourtant, l’espoir est resté de mise chez les civils : le mois d’avril devrait être un tournant, avec la promesse de la signature d’un accord qui mettrait fin au coup d’État et permettrait la mise en place d’un gouvernement. En théorie, donc, le début de la transition pour rendre le pouvoir aux civils. Mais à la veille de la signature théorique de cet accord, tout semble se compliquer.
Le 23 mars, pourtant, tout sembler aller dans le bon sens : un comité chargé de rédiger l’accord s’était réuni. Avec une réunion lors du premier jour du mois de ramadan, symboliquement, l’espoir était de mise. Les signataires de la feuille de route préliminaire, proposée en décembre dernier, annonçaient alors qu’un gouvernement serait désigné au plus tard le 11 avril prochain.
Mais le volet sécuritaire semble une nouvelle fois diviser. Et il pourrait à lui seul faire capoter l’accord qui, au mieux, risque d’être retardé. Au pire, c’est le début d’une nouvelle crise politique qui s’annonce. Parmi les points cruciaux à régler, on retrouve l’intégration des Rapid Support Forces à l’armée régulière. Le fait que cette question n’ait pas été réglée montre que Mohamed Hamdan Dogolo, alias « Hemeti », le numéro 2 du Conseil de souveraineté de transition de la République du Soudan, et al-Burhane sont irréconciliables. Sans armée unifiée, difficile d’aller plus loin.
Plusieurs autres désaccords
On imagine mal en effet aujourd’hui qu’un accord soit signé alors que cette épineuse question n’a pas été tranchée, d’autant que plusieurs groupes armés ont refusé d’entamer le dialogue avec les autres parties. D’autant que d’autres désaccord subsistent, comme la mise en place d’un mécanisme judiciaire qui permettrait de rendre justice aux victimes de la dictature d’Omar el-Bechir, mais également des militaires depuis le putsch de 2019.
Enfin, et c’est sans doute là ce qui pourrait fragiliser définitivement la feuille de route, plusieurs parties — les Comités de résistance et l’Association des professionnels soudanais — refusent simplement un accord, quel qu’il soit, avec les militaires à l’origine du coup d’État de 2022.