Au terme de son voyage en Algérie, le président Emmanuel Macron a signé avec Abdelmadjid Tebboune une déclaration commune « pour un partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie ». Explications.
Son voyage de trois jours en Algérie devait être une visite « officielle et d’amitié ». Mais Emmanuel Macron a déjoué les pronostics des journalistes. En déplacement à Oran, le président français a décidé de revenir en express à Alger, hier, dans le but d’écrire une déclaration commune avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Une déclaration loin du programme initial du voyage de Macron qui devait être consacré au « jeune entreprenariat » et à « la société civile ».
Finalement, devant les journalistes, ce vendredi, le président français a bien répondu aux questions concernant les quotas de visas ou encore sur la colonisation. Il avait alors qualifié la relation entre Alger et Paris d’« histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Après cette sortie, on pensait que le chef de l’Etat français se consacrerait à des rencontres avec des artistes et des sportifs, l’Elysée ayant préalablement prévenu qu’Emmanuel Macron comptait, lors de sa visite en Algérie, « poursuivre le travail d’apaisement accompli sur le plan mémoriel », même si « ce n’est pas l’objectif premier de cette visite ».
Ce dimanche matin, la presse algérienne est unanime : « La visite de Macron était nécessaire et utile », titre El Watan. Pour Le Soir, « Alger et Paris tournent la page ». Le Courrier d’Alger se félicite, lui, d’un « partenariat renouvelé » entre la France et l’Algérie.
« Une relation bilatérale pas comme les autre »
La déclaration commune est en effet presque inattendue, après des mois et des mois de relations parfois glaciales entre Paris et Alger. Une déclaration qui « doit » beaucoup à Tebboune, selon Macron qui assure qu’entre les deux pays, « la relation n’est pas qu’une simple relation bilatérale comme les autres, c’est une relation d’intimité profonde pour l’Algérie, pour la France et pour nos deux pays ».
Concrètement, le texte prévoit une rencontre bisannuelle entre les présidents français et algérien, dans le cadre d’un « haut conseil de coopération » qui sera chargé d’éluder les « questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun ». Cette rencontre aura lieu alternativement en Algérie et en France.
Sur la question mémorielle, Alger et Paris promettent également d’établir « une commission conjointe d’historiens français et algériens chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance ». Une commission dont la mission permettra « l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires ».
Vers l’augmentation des livraisons de gaz
Sur la question des quotas de visas et des migrations, l’accord est un peu moins précis. Il s’agit, selon la déclaration commune, d’« engager une réflexion pour bâtir des solutions concrètes et opérationnelles à même de répondre à leurs attentes respectives pour que la circulation des personnes entre les deux pays soit organisée et encadrée pour être pleinement respectueuse des lois, intérêts et contraintes du pays d’accueil ». Rien ne dit, pour le moment, que les quotas seront revus à la hausse.
La déclaration commune évoque également le « partenariat économique et pour la transition énergétique » entre les deux, la « coopération éducative, scientifique, culturelle et sportive » ainsi que la jeunesse.
Ce dimanche, on apprend par ailleurs que l’Algérie pourrait augmenter de 50 % ses livraisons de gaz à la France. Une façon, si l’accord est signé dans les prochains jours, d’illustrer le « partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie » ? L’Elysée assure que ce n’était pas l’objectif du voyage, mais le potentiel accord entre Paris et Alger pourrait être le symbole de l’amitié retrouvée entre les deux pays.