Les instances de la F1 ont annoncé leur intention de faire revenir les GP en Afrique d’ici à cinq ans. Depuis 1993, le continent n’a plus accueilli de Grand Prix.
La Formule 1 se court aujourd’hui sur cinq continents : Europe, Amérique du Sud, Amérique du Nord, Asie et Océanie. « L’Afrique est le dernier continent habitable sur lequel nous ne courons pas. Nous voulons changer cela », expliquait, avant de quitter son poste, l’ex-directeur commercial de la F1. Un avis partagé par de nombreux observateurs… et par un champion : Lewis Hamilton milite en effet depuis plusieurs années pour que son sport soit pratiqué sur le continent africain. Cela permettrait, estime le Britannique, de « ramener l’attention sur l’Afrique et mettre en valeur le bel endroit qu’elle est ». Mieux, le champion de F1 estime que l’Afrique est « le continent le plus important où nous devons aller ».
La volonté de Lewis Hamilton est partagée au sein des instances de Formule 1. Pour Chloe Targett-Adams, chargée de la promotion des courses en F1, l’Afrique « est une priorité ». Elle indiquait d’ailleurs en février être « en pourparlers à propos des options possibles depuis quelques années ». Et la chargée de promotion des courses d’espérer « y parvenir à moyen ou court terme ».
A l’occasion d’une interview sur le site officiel de la Formule 1, le patron de la discipline phare du sport automobile, Stefano Domenicali, a lui aussi évoqué son désir de revenir sur le continent. Domenicali compterait non seulement ressusciter l’infrastructure déjà construite an Afrique, mais aussi bâtir de nouveaux circuits. Et forcément, on pense à Kyalami, en Afrique du Sud. Le circuit de Formule 1 a une histoire très ancienne avec le sport mécanique : il a été le théâtre du dernier Grand Prix africain, en 1993.
Et le circuit est déjà prêt. Le porte-parole, Christo Kruger, a déclaré que le financement de Porsche avait en effet permis de rénover Kyalami entièrement. « Je pense que le continent africain mérite à nouveau une course de Formule 1 », estime le porte-parole. Outre l’Afrique du Sud, quatre autres pays sont en lice pour accueillir des étapes des championnats de F1 : le Maroc — qui a déjà accueilli une course en 1958 —, le Rwanda, le Nigeria et le Kenya. Tous ces pays ont, en 2019, exprimé leur intérêt pour accueillir des compétitions internationales de Formule 1.
Le triste destin de Kyalami
Dans les années 1980, l’Afrique du Sud était une destination fréquente pour les pilotes. La piste de Kyalami a été la scène d’évènements historiques : depuis 1967, elle a hébergé pas moins de 21 courses au total. On se souvient notamment, sur cette piste, des deux victoires légendaires de Niki Lauda, qui pilotait pour Ferrari, en 1976 et en 1977.
En 1985, la course de Kyalami a été retirée du championnat du monde de F1. La faute à la politique ségrégationniste, qui a valu à l’Afrique du Sud une mise au ban dans de nombreux sports. A l’époque de l’apartheid, la décision de retirer à Kyalami les courses avait marginalisé le continent entier vis-à-vis du sport automobile le plus important au monde.
Huit ans plus tard, le Grand Prix d’Afrique du Sud était revenu au calendrier du championnat. Après une refonte globale, le circuit était prêt à accueillir les compétitions. Cependant, des soucis financiers avaient sonné le glas de Kyalami après seulement deux courses en 1992 et 1993.
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— WTF1 (@wtf1official) April 14, 2021
Un champion africain de F1 ?
On compte peu de pilotes africains. Pendant les années 1970, le Sud-Africain Jody Scheckter a représenté l’Afrique en tant que pilote. De sa victoire au championnat sud-africain de Formule Ford, en passant par le Formule 3 britannique et la Formule 2 européenne, il a grimpé les échelons du sport mécanique en deux ans.
Jody a fait ses débuts en F1 avec McLaren. Il a remporté le championnat des monoplaces non carénées, l’historique Formule 5000, en pilotant pour le constructeur britannique. Il a ensuite fait un passage chez Tyrrell et Wolf. Mais ce n’est que plus tard, en 1979, qu’il a été sacré champion du monde de la F1 en pilotant pour Ferrari, au volant d’une 312T5.
L’Afrique rêve à nouveau d’un champion africain. Mais le retour de la F1 sur le continent serait surtout un message fort envoyé par les instances automobiles. Alors que la F1 passera désormais par l’Arabie saoudite, ces mêmes instances ne peuvent plus se cacher derrière la politique. Certes, Chloe Targett-Adams assure que, « du point de vue de la Formule 1, nous choisissons de nous engager avec des partenaires et nous avons un cadre contractuel pour définir nos attentes en matière de droits de l’homme et la manière dont nous comptons travailler », rien ne s’oppose à ce que la F1 pose ses valises en Afrique. Pour le Maroc, le Rwanda, le Nigeria, le Kenya ou l’Afrique du Sud, le retour de la Formule 1 représenterait une belle vitrine.