Lors de la première audition devant la Commission parlementaire de contrôle de l’action du gouvernement, le président sud-africain s’est expliqué sur les accusations dont son parti fait l’objet. L’ANC est accusé de corruption durant la période 2009-2018.
En sa qualité de dirigeant du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), Cyril Ramaphosa est apparu devant un panel parlementaire hier. La commission enquêtant sur des malversations du parti depuis l’ère de son prédécesseur a entendu des dizaines de politiciens. Durant la présidence de Jacob Zuma, dont Ramaphosa était vice-président, l’ANC avait accepté des financements de sociétés privées. Ces dernières avaient obtenu l’exclusivité sur plusieurs marchés étatiques. De surcroît, des soupçons de corruption entourent les neuf années de pouvoir de Zuma.
Un scandale historique
De prime abord, l’enquête a touché les contrats gouvernementaux lucratifs avec le groupe indien Gupta, propriétaire du conglomérat Bosasa. Jacob Zuma, ainsi que les frères Gupta avaient nié les allégations portées contre eux. Toutefois, le témoignage du président Ramaphosa est accablant. Devant le panel de députés, il a déclaré « Le parti aurait pu et dû faire plus pour prévenir les abus de pouvoir et le détournement de ressources. », a-t-il avoué.
Le président sud-africain a aussi regretté que l’ANC n’ait pas été à la hauteur des attentes. Cyril Ramaphosa est le premier président sud-africain en exercice à témoigner dans une enquête parlementaire. Des dizaines de ministres, de députés et de hauts fonctionnaires ont comparu avant lui.
Le principal accusé, l’ancien président Zuma, n’a témoigné devant la commission qu’une seule fois, en 2019. Depuis, il a refusé de comparaitre, alléguant une machination politique de l’opposition. Néanmoins, le peuple sud-africain a manifesté réclamant que l’ancien président soit tenu responsable pour les exactions de son régime. En désespoir de cause, l’Assemblée nationale a exigé la présence de l’actuel président, au risque qu’une procédure de destitution ne lui soit opposée dès le 3 mai prochain.
Après la comparution du 28 avril et celle prévue aujourd’hui, Ramaphosa devrait témoigner en sa qualité de chef d’Etat en mai. Un membre de la commission a pris la parole pour dire à Ramaphosa : « Vous faisiez partie des décideurs. Vous étiez vice-président du pays lorsque l’argent a été volé. », a-t-il accusé.
Ramaphosa plus combatif que d’habitude
Malgré les accusations, le président sud-africain a nuancé ses propos : « Vous avez raison. L’ANC aurait du savoir que Bosasa était corrompue. », a-t-il déclaré. « Cependant, la loi de finances que votre Assemblée avait refusé de voter nous aurait évité ces problèmes. La loi nous aurait débarrassé des risques de financements contaminés. », a conclu Ramaphosa.
Ensuite, le président sud-africain a passé une dizaine de minutes à expliquer le fonctionnement interne de son parti. L’établissement des critères d’obtention des marchés publics aurait été, selon lui, géré par une petite faction au sein du gouvernement. Et bien que ce groupe était composé exclusivement de cadres de l’ANC, sa sélection incombait au président de l’époque, Zuma.
Enfin, Ramaphosa a promis plus de collaboration avec l’Assemblée et de fermeté dans l’octroi des marchés publics. Il devrait témoigner à nouveau aujourd’hui dans l’après-midi. Néanmoins, l’affaire est pour le moins embarrassante, et pourrait être fatale à la présidence de Ramaphosa, ainsi qu’au monopole de l’ANC sur le pouvoir politique en Afrique du Sud.