Alors que l’ex-ministre togolaise des Armées, Marguerite Gnakadè, a été arrêtée, les activistes se sont emparés de l’affaire. Mais on ne connaît pas encore les tenants et aboutissants de l’enquête.
Marguerite Gnakadè, l’ancienne ministre togolaise des Armées, est-elle une prisonnière politique, aujourd’hui aux arrêts à cause de ses prises de positions contre les autorités de son pays ? C’est ce qui transparaît, si l’on écoute les oppositions togolaises. Mais en réalité, personne ne connaît, pour le moment, les faits qui sont exactement reprochés à Marguerite Gnakadè. En manque d’arguments et de mobilisation ces derniers semaines, les activistes du M66 n’ont pas hésité à ériger l’ancienne ministre en opposante numéro 1 du pouvoir. Une façon, pour les forces de déstabilisation, parfois venues de l’extérieur, de mettre en péril le retour à la stabilité.
Ne pas se précipiter…
Fin juillet, dans plusieurs visioconférences, les activistes promettaient de relancer les hostilités à la fin du mois d’octobre. « Nous sommes dans une période calme », affirmaient-il, se plaignant par ailleurs que les populations togolaises aient choisi le calme plutôt que le chaos et s’étonnant de ne pas être suivi dans les rues de Lomé. Pour le M66, l’arrestation de Marguerite Gnakadè apparaît donc comme une aubaine : sur les réseaux sociaux, les appels à la démission du président du Conseil du Togo se multiplient. « Une stratégie risquée, estime un proche de l’opposition. S’il s’avère que Marguerite Gnakadè a atteint à la sûreté de l’Etat, cela décrédibilisera le mouvement tout entier ».
L’atteinte à la sûreté de l’Etat pourrait en effet être la raison de l’arrestation de Marguerite Gnakadè. Le très sérieux journal Jeune Afrique affirme que des « éléments jugés graves » ont été trouvés lors de l’enquête, mais surtout que l’ex-ministre serait liée à « une affaire de recrutement de mercenaires étrangers afin de déstabiliser les institutions ». Autrefois ministre des Armées du Togo, Marguerite Gnakadè avait notamment publiquement incité l’armée à la rébellion, que ce soit dans la rue ou dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux. De quoi alimenter l’enquête, qui semble se poursuivre et qui pourrait révéler, dans les jours à venir, d’autres éléments.
Un narratif qui se base sur des rumeurs
« Se prononcer aujourd’hui sur l’arrestation de Marguerite Gnakadè est contre-productif, réagit notre source de l’opposition. Il faut attendre que le procureur de la République s’exprime. L’opposition doit se battre dans les urnes, et ne pas appeler les militaires à la mutinerie ». « La stratégie consiste à faire de Mme Gnakadè une victime de la liberté d’expression avant même de savoir ce qui lui est exactement reproché, affirme un observateur de la vie politique dans un article. Or, l’opposition a pignon sur rue au Togo, comme on peut le voir avec Jean-Pierre Fabre ». Le narratif des activistes se base aujourd’hui sur des rumeurs, sans que l’on sache ce que révèlera l’enquête contre l’ancienne ministre des Armées.
Mais alors, que révèlera l’enquête ? Il convient aujourd’hui d’attendre les premiers éléments pour se prononcer. Koffi Amessou Adaba, enseignant et chercheur en sociologie politique, peu connu pour soutenir le pouvoir, admet dans The Conversation que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et exécutif ». Marguerite Gnakadè, malgré son passé de dirigeants politique, sera donc traitée comme n’importe quel citoyen togolais. L’on attend désormais de pouvoir s’appuyer sur des faits, plutôt que sur des rumeurs, pour commenter cette affaire.