Les députés gambiens ont examiné la possibilité de lever l’interdiction de l’excision dans le pays, votée en 2015. De quoi provoquer un débat national et même continental.
Depuis 2015, l’excision est interdite en Gambie. Mais ces derniers jours, tout a failli changer. Les députés gambiens ont en effet examiné la possibilité de lever cette interdiction. Bien que cette mesure n’ait finalement pas été adoptée, elle a suscité de vives protestations de la part des organisations féministes, qui craignent un effet domino en Afrique.
La loi de 2015 prévoyait des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans, ainsi que des amendes de 50 000 dalasis pour les auteurs de mutilations génitales. En cas de décès de la jeune fille excisée, l’emprisonnement à vie pouvait être prononcé.
Mais cette loi ne plaisait pas à tous. Un parlementaire a décidé de proposer un projet de loi pour revenir sur l’interdiction de l’excision. L’élu est soutenu par le Conseil suprême islamique de Gambie. Selon lui et les organisations religieuses, interdire l’excision enfreint le droit des Gambiens à pratiquer leurs coutumes et traditions.
Malgré l’interdiction de 2015, l’excision reste largement pratiquée en Gambie : 73 % des femmes âgées de 15 à 49 ans y ont été excisées, dont la plupart avant l’âge de 5 ans.
Les organisations de la société civile, au niveau national et régional, dénoncent avec force cette tentative de dépénalisation. Elles exhortent les autorités à ne pas céder à la pression des mouvements rigoristes et à respecter les conventions internationales. D’autant que le projet de loi pourrait très prochainement revenir sous une nouvelle forme.
A l’issue de l’examen du texte envoyé devant la commission des droits humains, le texte de loi sera en effet à nouveau soumis au vote des députés. Le projet de loi pourrait faire son retour dans les discussions parlementaires dans les trois mois à venir.