Une maison britannique de vente aux enchères a annulé la mise en vente prévue d’un bouclier éthiopien du XIXe siècle, pillé lors d’une expédition au XIVe siècle.
Anderson and Garland, une entreprise britannique de vente aux enchères, a répondu favorablement à la demande d’Addis-Abeba de lui restituer un objet d’art éthiopien.
Cette décision fait suite à une polémique sur la légitimité de la vente de biens culturels acquis de manière illégale.
Dans un geste sans précédent, donc, la maison britannique de vente aux enchères a annulé la vente prévue d’un bouclier éthiopien du XIXe siècle, qui avait été pillé lors d’une expédition au XIXe siècle, suite à la demande d’Addis-Abeba de rapatrier l’objet en Éthiopie.
Le bouclier, catalogué comme lot 903 par les commissaires-priseurs Anderson and Garland, devait être mis aux enchères avec une estimation entre 950 et 1400 euros. Cependant, suite à la demande de l’Éthiopie, la vente a été annulée, mettant en lumière une controverse sur la légitimité de la vente de biens culturels acquis de manière illégale.
La lenteur des restitutions du patrimoine africain
La restitution du patrimoine africain prélevé pendant la période coloniale suscite un intérêt croissant en Europe, depuis ces dernières années. Le geste d’Anderson and Garland et la polémique qui s’en est suivie est le symbole d’un débat qui se poursuit. La France, la Belgique, le Royaume-Uni, et l’Allemagne, entre autres, sont engagés très récemment dans des processus de restitution d’œuvres pillées.
La France, après avoir restitué plusieurs œuvres au Bénin, s’est tournée vers d’autres nations africaines telles que le Sénégal, la Côte d’Ivoire et Madagascar. Une loi adoptée fin 2020 permet des dérogations à l’inaliénabilité des œuvres pour les cas de pillages avérés. En parallèle, la Belgique avait également planifié la restitution de milliers d’objets culturels à la République démocratique du Congo, son ancienne colonie, en réponse aux exactions commises sous Léopold II.
Au Royaume-Uni, les universités ont, en 2021, également commencé à prendre des mesures de restitution. L’université de Cambridge a rendu une sculpture de coq en bronze au Nigeria, tandis que l’université d’Aberdeen avait restitué un bronze représentant un roi du Bénin. Mais de son côté, le British Museum de Londres avait continué de résister à toute restitution, préférant des prêts temporaires.
En Allemagne, toujours en 2021, un accord avait été conclu avec le Nigeria pour restituer des objets d’art pillés pendant la période coloniale. Le Musée ethnologique de Berlin détenait quant à lui environ mille pièces provenant du royaume béninois et avait entamé des discussions de l’autre côté de la Méditerranée.
Ces initiatives reflètent une évolution significative dans la reconnaissance des injustices historiques et dans les efforts pour restaurer la dignité et l’intégrité culturelle des nations africaines. Mais quelques années après le début des discussions, on est encore loin d’un accord total entre les pays africains et les pays colonisateurs.