La Mauritanie a pris la présidence tournante de l’Union africaine. Un choix par défaut, alors que l’Algérie et le Maroc étaient candidats.
En 2024, la présidence tournante de l’Union africaine devait logiquement revenir à l’Afrique du Nord. Après les Comores pour l’Afrique de l’Est, le Sénégal pour l’Afrique de l’Ouest, la République démocratique du Congo pour l’Afrique centrale et l’Afrique du Sud pour l’Afrique australe, il fallait trouver un pays d’Afrique du Nord capable de prendre la mesure de la tâche, d’autant plus dans un contexte mondial marqué par de nombreux conflits, depuis l’Ukraine jusqu’à la Palestine, en passant, sur le continent, par les problèmes en RDC, en Ethiopie ou encore au Soudan.
Et forcément, Alger et Rabat auraient pu être les candidatures idéales. Sauf que les tensions entre l’Algérie et le Maroc ont, de facto, exclu une quelconque possibilité d’offrir la présidence à un de ces deux pays. D’autant que le Maroc et l’Union africaine ont eu, ces dernières années, une histoire très compliquée. Quant à la Tunisie, après les déclarations de Tunis sur les migrants subsahariens, difficile d’envisager un jour Kaïs Saïed à la tête de l’organisation. Restait donc deux options : la Mauritanie ou opter pour une autre région que l’Afrique du Nord.
Jusqu’à hier, la question se posait toujours. Lors de la cérémonie d’ouverture du sommet de l’UA, la Mauritanie a officiellement pris la présidence de l’institution, prenant ainsi le relai des Comores. Mohamed Ould Ghazouani, le président mauritanien, s’est dit « profondément reconnaissant » et « conscient de l’ampleur des responsabilités » qui l’attendent.
La Mauritanie se retrouve donc sur le devant de la scène, un peu par hasard, profitant des tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. C’est la neutralité du pays nord-africain qui a permis cette désignation. Pourtant non candidat à la présidence de l’UA, le président mauritanien a été approché pour régler cet imbroglio.
Problème : en 2024, la Mauritanie va vivre une élection présidentielle. L’UA se retrouve donc dans le cas des Comores, qui avaient pris la présidence de l’UA et où une présidentielle tendue a eu lieu. Mohamed Ould Ghazouani préférer se concentrer sur la situation au niveau national. Mais il a fini par donner son aval aux émissaires de l’UA. « Je pense que la constante de la politique mauritanienne de jouer un rôle actif dans la politique africaine a pris le dessus », a indiqué le président mauritanien.