Lors d’une réunion à Benghazi, el-Menfi, Salah et Haftar ont fermé la porte aux Occidentaux et assuré vouloir reprendre les rênes du processus électoral à l’ONU.
L’interventionnisme occidental n’a jamais fait avancer le dossier libyen. Alors que les Nations unies ont longtemps poussé les différentes parties libyennes pour qu’elles organisent des élections vouées à l’échec, les États-Unis, la France ou encore l’Italie — et bien d’autres puissances étrangères — ont montré qu’elles n’avaient pas la situation libyenne en main. Et alors que l’Union africaine a régulièrement affirmé que la solution à la crise devait être africaine, celle-ci sera peut-être finalement libyo-libyenne.
Une réunion vient de prendre fin à Benghazi. Et la scène qui s’y est déroulée montre à quel point les puissances occidentales ont joué un rôle néfaste dans ce dossier : l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, a été remercié par les belligérants, qui lui ont cependant demandé, en substance, de se tenir à distance des affaires libyennes.
Les trois parties, représentées par Mohammed el-Menfi, président du Conseil présidentiel, par Aguila Salah Issa, président de la Chambre des représentants, et par le maréchal Haftar — le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah a quant à lui été écarté par les protagonistes —, ont sorti un communiqué affirmant qu’ils ne participeraient plus « à aucune réunion ou commission en-dehors du cadre national interne ». Et demandé à l’envoyé spécial des Nations unies de « ne prendre aucune mesure individuelle en rapport avec le processus politique ».
Le cas Dbeibah, point d’achoppement entre l’Occident et les Libyens
Autrement dit, la solution à la crise sera libyenne. Mais pour autant, rien ne présage d’une quelconque résolution rapide. D’abord parce que Dbeibah est en conflit ouvert avec les autres belligérants. D’autres part parce que même entre les trois hommes, la tension est palpable : par exemple, el-Menfi et Haftar ont soigneusement évité de se croiser depuis deux ans et demi.
Tous semblent cependant d’accord sur un point : les initiatives internationales ont été inutiles, voire contreproductives. L’accord de Genève, signé en février 2021, prévoyait par exemple des élections alors que les belligérants se voyaient plutôt organiser un référendum constitutionnel comme première étape à tout processus électoral.
La porte est donc fermée à la communauté internationale, qui a déjà dit son opposition à la feuille de route proposée par le Comité mixte pour la préparation des lois électorales en Libye 6+6. Dans les coulisses, c’est surtout l’exclusion de Dbeibah des pourparlers et du processus électorale qui déplaît fortement aux États-Unis et à l’Europe.
Une position qui étonne : les milices de Tripoli, qui Dbeibah est censé contrôler, ont ensanglanté la capitale libyenne il y a moins d’une semaine.