Nouveau président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, après le coup d’État contre Mohamed Bazoum, le général Tchiani est le nouvel homme fort du Niger.
Après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, au tour du Niger. L’étau se resserre pour les présidents ouest-africains. Le général Abdourahamane Tchiani vient en effet de se proclamer président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie au Niger, quelques heures après avoir renversé Mohamed Bazoum. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, les militaires nigériens avaient annoncé avoir pris le pouvoir, alors que des négociations avaient été entamées au moment où une partie de la garde présidentielle avait décidé de retenir le chef de l’État dans sa résidence.
Officiellement, un peu comme au Burkina Faso avec le capitaine Traoré, le général Tchiani a indiqué qu’il était temps de déposer Bazoum après avoir observé « la dégradation de la situation sécuritaire » au Niger. Dans les coulisses, on sait que le fait que Mohamed Bazoum ait émis la volonté de limoger le patron de la garde présidentielle a précipité sa chute. Dans un premier temps, la présidence évoquait un simple « mouvement d’humeur antirépublicain » de la part des militaires. Ce serait finalement un putsch réussi.
Les problèmes de sécurité, raison officielle du putsch
Outre la situation sécuritaire, les militaires pointent du doigt « la mauvaise gouvernance économique et sociale ». Certains d’être sanctionnés par les instances continentales, comme l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la nouvelle junte en place a voulu « rassurer la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains ».
Une bonne intention qui ne devrait cependant pas changer quoi que ce soit. Si le président béninois Patrice Talon a lancé une médiation — c’est le cas à chaque coup d’État, avec un président différent —, les membres de la Cedeao devraient rapidement prendre des sanctions. Le « syndicat des présidents » commence à voir son nombre de membres fondre après les suspensions du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso.
À qui le tour ?
Très rapidement, l’instance a dit tout sa « stupeur » et sa « consternation » , avant de « condamner avec la plus grande fermeté la tentative de prise du pouvoir par la force ». Et la Cedeao d’appeler « les putschistes à libérer immédiatement et sans condition le président démocratiquement élu de la République ».
Forcément, une question taraude les esprits au sein de l’instance régionale : qui sera le prochain ? Dans la région du Sahel, les militaires ont majoritairement pris le pouvoir. Outre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, le Tchad a vécu un coup d’État qui ne disait pas son nom. Reste désormais la Mauritanie. Mais les pays proches du Burkina et du Niger savent que la fièvre putschiste peut se propager.
Le Bénin est, géographiquement, le pays le plus proche du Niger. Mais au-delà de Cotonou, le Togo et le Ghana restent dans une zone où la situation sécuritaire demeure fragile. Et là où le terrorisme rode, les militaires sont généralement prompts à prendre le pouvoir. C’est donc le cas du général Tchiani, qui a déploré « la dure réalité (du Niger, ndlr) avec son lot de morts, de déplacés, d’humiliation et de frustration ».