Le sommet Russie-Afrique s’ouvre en Russie. Le président Poutine a déjà fait de premières annonces sur les exportations céréalières en direction du continent.
Lors de la première édition du sommet Russie-Afrique de Sotchi en octobre 2019, le menu des discussions était simple : comment combattre les « contre-valeurs occidentales », évoquer les besoins « humanitaires » de l’Afrique et répondre aux enjeux de « la souveraineté alimentaire » du continent. Si la Russie était déjà, à l’époque, à l’opposé idéologique des États-Unis, Moscou n’avait pas encore entamé sa guerre en Ukraine.
Autant dire que tout, ou presque, a changé pour le nouveau sommet Russie-Afrique. Avec, d’entrée de jeu, une question de taille : qui allait oser participer à la rencontre ? Si le Congolais Félix Tshisekedi a, au dernier moment, annulé sa venue, plusieurs présidents ont fait le déplacement, de Macky Sall à Azali Assoumani, respectivement ex-président et président actuel de l’Union africaine, en passant par Assimi Goïta, Ibrahim Traoré, João Lourenço ou encore Cyril Ramaphosa et Abdel Fattah al-Sissi.
Pour d’autres présidents, venir à Moscou aurait trop irrité les États-Unis et la France qui ont, selon la Russie, exercé des « pressions sans précédent ». Mais difficile d’influencer des chefs d’État comme Museveni ou Goïta pour Paris, mais aussi pour Washington, qui s’est fait une raison. En tout, 49 délégations africaines — et 17 présidents — ont fait le déplacement. Conséquence : les États-Unis sont désormais spectateurs et tentent d’influer sur le menu des discussions. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a, ce jeudi, demandé aux présidents africains d’exiger du président russe des réponses à propos de la crise céréalière.
Vladmir Poutine n’a pas attendu Blinken et a directement promis de livrer gratuitement des céréales à six pays africains. « Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée », a annoncé Poutine dès l’ouverture du sommet.
Économie, agriculture et Wagner
La crise céréalière est effectivement l’un des sujets sur lequel Poutine était attendu. Mais plus globalement, il sera question des relations entre la Russie et les pays africains. « Nous avons l’intention de développer davantage » la coopération avec les pays du continent, a résumé Vladimir Poutine dans une lettre d’accueil que les participants ont reçue à la veille du sommet. Preuve en est, Poutine avait, ces derniers mois, envoyé à plusieurs reprises son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en Afrique.
En amont du sommet, Moscou a promis de faire plusieurs annonces qui iraient dans le sens d’un « meilleur accès à la nourriture, aux engrais, aux technologies et aux ressources énergétiques » pour l’Afrique. Outre l’accord céréalier, il sera donc question d’engrais mais également de l’envoi de matériel agricole.
Autre question qui pourrait être abordée, peut-être plutôt en privé d’ailleurs : Wagner. Après la rébellion du groupe paramilitaire russe, Prigojine a annoncé vouloir accroître ses activités sur le continent. Moscou devrait donner la marche à suivre à ses partenaires comme la RCA ou le Mali, dont les deux présidents sont présents pour le sommet.
Enfin, il sera question des échanges commerciaux entre Russie et Afrique. Si leur volume a baissé entre 2018 et 2021, Poutine doit faire avec les sanctions internationales. Si Moscou est omniprésent en Égypte, en Algérie, au Maroc et en Afrique du Sud, la Russie profitera certainement de ce sommet pour évoquer le business.