Les Pastef d’Ousmane Sonko accusent le gouvernement sénégalais d’avoir acheté des armes et l’armée d’avoir tiré sur les manifestants, dans un rapport tout juste publié.
Au Sénégal, les manifestations et violences du début du mois de juin avaient donné lieu à une véritable guerre de communication, notamment sur les réseaux sociaux. Mais comme toute guerre, celle-ci est une succession de batailles. Et même après les violences, c’est à celui qui se fera le plus entendre. Et à ce jeu, les Pestef d’Ousmane Sonko, l’opposant principal de Macky Sall, ont un temps d’avance.
Le parti de celui qui a mis le feu aux poudres après sa condamnation pour « corruption de la jeunesse » vient de publier un long rapport dans lequel il documente les violences qui se sont déroulées il y a deux semaines. Un véritable brûlot contre le gouvernement et la présidence. Car ce document a pour objectif de s’imposer comme la vérité, aussi bien au Sénégal qu’à l’international. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a été traduit en français, en anglais et même en wolof.
Un outil de 36 pages qui décrit, dans premier temps, « le harcèlement judiciaire » contre Ousmane Sonko. Les Pastef ont eu la bonne idée de faire parler indirectement Sonko dans ce rapport, comme pour montrer qu’il s’agissait d’un rapport neutre. L’opposant affirme simplement vouloir « porter à l’attention de l’opinion nationale et internationale (sa) part de vérité ».
La meilleure défense est l’attaque
Le rapport indique d’ailleurs qu’Ousmane Sonko est « séquestré » depuis trois semaines à son domicile. En demandant une enquête indépendante sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Union africaine (UA), et en annonçant avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI), les Pastef ont réussi un joli coup : si les procédures ont peu, voire pas, de chances d’aboutir, ils arrivent à comparer Macky Sall aux pires dictateurs et généraux.
Dans son bilan des violences, le parti d’Ousmane Sonko renvoie, enfin, la balle dans le camp du pouvoir en affirmant que « plus de 80% de ces victimes-là ont été tuées par balles » et en accusant « le gouvernement du Sénégal d’avoir été l’auteur de ripostes disproportionnées » et d’avoir « acheté énormément d’armes ». Les Pastef s’appuient, à l’international, sur l’avocat Juan Branco qui publie régulièrement sur les réseaux sociaux des accusations d’achats d’armes de la part du gouvernement sénégalais.
Pendant ce temps, Macky Sall est bien mal embarqué. Le président s’est rendu, comme si de rien n’était, en Ukraine et est annoncé, demain, à Paris pour une réunion consacrée à l’économie. Si le gouvernement parle de « fanfaronnade » de la part du clan Sonko, il semble perdu. La transparence promise par le gouvernement, après les 16 morts en deux jours et les plus de 500 arrestations, tarde à arriver. Et le rapport oblige désormais le pouvoir sénégalais à se défendre au lieu d’attaquer.