Au Gabon, la concertation politique entre majorité et opposition vient de se terminer. La question de la durée des mandats a été tranchée, d’autres restent en suspens.
C’était l’un des enjeux de cette grande « concertation politique », censée réunir les représentants du pouvoir gabonais et les oppositions : la durée des mandats. Lors de débats à huis clos, les deux camps ont longuement discuté de ce point. « Les discussions sont âpres, sont difficiles parce que nous travaillons sur une matière qui est elle-même difficile, indiquait il y a peu le nouveau Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze. Sur le point concernant les mandats électoraux, c’est un sujet délicat mais sur lequel chacun avance des arguments et nous pensons avoir bon espoir et qu’on finira par trouver un accord pour obtenir cette harmonisation voulue par le chef de l’État ».
Un chef de l’État qui pourrait rester au pouvoir pendant encore plusieurs mandats. Car si la durée des mandats du président, des sénateurs, des députés et des élus locaux a bien été fixée à cinq ans, le nombre de mandats, lui, demeure illimité.
Si les pourparlers ont été âpres, ils ont également été pour le moins opaques : l’opposition présente lors de la concertation politique n’a pas voulu commenter les discussions et n’a jamais indiqué quels étaient ses objectifs. « Nous préférons attendre la fin des négociations pour vous dire ce à quoi nous sommes parvenus », avait simplement indiqué Séraphin Akure Davin, l’un des leaders de l’opposition.
Une opposition qui ne représentait cependant pas tout l’échiquier politique, cependant. Et c’est peut-être ce qui rend cette concertation aussi peu constructive. Le chef d’État avait limité la participation à trente représentants de la majorité et de l’opposition. Or, plus de trente partis distincts se réclament de l’opposition. Ce qui a, de facto, provoqué le départ de l’Union nationale (UN), de Réagir et du Parti du réveil citoyen (PRC) de la concertation.
Les discussions ne sont pas terminées
Mais selon la Plateforme Alternance 2023, à l’origine de la demande de concertation, la représentativité de l’opposition a été assurée et les partis qui se sont retirés étaient soit trop récents, soit trop peu représentatifs au niveau des institutions politiques.
Avec ou sans eux, les discussions devraient déboucher sur des lois. Mais finalement, la durée des mandats aura été la plus grande avancée, alors que d’autres points sont restés en suspens. La biométrie, le statut de l’opposition ou encore le redécoupage électoral devaient en effet être discutés. Mais aucun consensus n’a été trouvé sur ces trois thèmes. Étonnant lorsque l’on sait que les négociations ont duré une dizaine de jours.
Étonnant aussi car le but de cette concertation était que les élections à venir soient « crédibles, transparentes et apaisées ». Or, à l’exception de quelques points — comme l’âge pour les candidats à la présidentielle, qui a été augmenté de 18 à 30 ans —, les principales questions n’ont pas permis d’obtenir des réponses.
Désormais, un comité de suivi sera en charge de surveiller que les décisions prises lors de la concertation soient transformées en lois. Mais aussi de poursuivre les réflexions sur les questions restées en suspens, parmi lesquelles la réforme du Centre gabonais des élections. Il faudra aller vite, car les élections gabonaises sont prévues au second semestre 2023, possiblement en août.