La Cedeao veut créer une force conjointe d’intervention. Si celle-ci doit permettre de lutter contre le terrorisme, elle doit également permettre d’éviter les coups d’État.
Hier et ce lundi, les ministres de la Défense de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tentent, lors d’un conclave en Guinée-Bissau, d’accélérer la mise en place de la force conjointe d’intervention en charge de lutter contre le terrorisme dans la région.
Si, ces dernières années, la Cedeao est devenue un outil économique et, par ricochets, politique, il est bon de rappeler que, en 1999, elle avait adopté un « Protocole relatif au mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité », qui était alors « destiné à assurer la sécurité et la paix collectives » en Afrique de l’Ouest. La guerre contre le terrorisme entre donc dans les prérogatives de l’institution sous-régionale.
Mais cette fameuse « force conjointe » aura en réalité une autre fonction, qui répond cette fois au « Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance » adopté en décembre 2001. Officiellement, il s’agit pour la Cedeao d’« influencer positivement les développements politiques et sécuritaires » de ses États membres.
Les ministres de la Défense de la Cedeao espère dont également limiter le nombre de coups d’État dans la région, grâce à cette force conjointe. Sur ce point, cela interpelle. On le sait, la Cedeao n’aime pas voir ses présidents membres destitués. Mais est-ce pour autant son rôle de lutter contre les putschs ?
C’est à l’issue du 62e Sommet des chefs d’État et de gouvernements de la Cedeao, il y a deux semaines, que l’institution a décidé ce projet de création d’une nouvelle force régionale devant permettre de « lutter contre le terrorisme » et contre « les changements anticonstitutionnels ». Une force qui sera financée par les moyens des États membres.
La force conjointe n’est pas sans rappeler l’ECOMOG. Crées en 1990, après le début de la guerre civile au Liberia, la brigade des Casques blancs a peu à peu disparu, au profit des forces de l’ONU. Reste à savoir si les pays membres de la Cedeao ont réellement la possibilité de financer des telles opérations, alors qu’on sait à quel point le G5-Sahel peine à être efficace.