Ce samedi, les Tunisiens se rendent aux urnes pour voter pour leurs députés. Mais l’Assemblée des représentants du peuple n’aura quasiment plus de pouvoir en Tunisie.
Ce 17 décembre, les Tunisiens se rendent aux urnes pour élire leurs députés. Pour ceux, en tout cas, qui veulent participer à la vie démocratique du pays. Car force est de constater que le scrutin à venir n’intéresse que très peu le peuple tunisien. Le président Kaïs Saïed a pris les pleins pouvoir le 25 juillet 2021, puis dissous l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Après un référendum constitutionnel, il était donc prévu des législatives.
Une façon de revenir à l’ordre constitutionnel auquel appellent les instances internationales ? Pas sûr. Car dans les nouveaux textes, un Conseil national des régions et des districts doit voir le jour, comme il est prévu dans l’article 81 de la Constitution. Laissant ainsi moins de prérogatives aux élus de l’ARP. Si bien que, comme titre la presse internationale, c’est un « parlement fantoche » qui sera élu après ces législatives.
Depuis Washington, où il assiste au Sommet USA-Afrique, le président Kaïs Saïed a vanté ses réformes, assurant que « le pays était au bord de la guerre civile » et qu’il n’avait donc « pas d’autre choix » que de mettre un coup de pied dans la fourmilière.
Si la guerre civile est encore seulement hypothétique, la crise économique est, elle, bien réelle. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) avait annoncé avoir accordé une un prêt de 1,9 milliard de dollars, l’instance financière a finalement fait machine arrière et demande au président tunisien de travailler son dossier. Un coup dur pour lui à la veille des législatives. Car difficile de dire comment la situation du pays évoluera, lui qui est pris à la gorge à cause d’une dette abyssale.
Vers un remplacement de Najla Bouden
Une aubaine, peut-être, pour les oppositions. Car le report des discussions avec le FMI à janvier prochain semblent avoir sonné le glas du gouvernement actuellement dirigé par Najla Bouden. Ce gouvernement qui n’a pas réussi à sortir le pays de la crise et dont les réformes se comptent sur les doigts d’une main. La faute, dit-on dans les couloirs de la Kasbah, au président de la République qui travaille seul.
Au terme du scrutin, donc, Najla Bouden devrait logiquement être écartée. Elle l’est d’ailleurs déjà lorsque l’on sait que le président tunisien s’entretient lui-même avec les ministres, outrepassant la cheffe du gouvernement. Le nouveau gouvernement sera formé après les législatives, et chacun tente de conserver son poste.
Sans le savoir, en restant en poste, souvent retenue par un Kaïs Saïed très persuasif, Najla Bouden sert de fusible au président de la République qui n’a pas, malgré la situation, à faire face à ses responsabilités. Il gagne, grâce à sa cheffe du gouvernement, de précieux mois.
Reste désormais à savoir qui aura la majorité à l’ARP. Forcément, les résultats seront surtout symboliques, lorsque l’on sait que les membres du Conseil des régions auront plus de prérogatives que les députés. Reste aussi à savoir quel pourcentage atteindra le taux d’abstention. Cela donnera un aperçu de la cote de popularité de Kaïs Saïed.