Face aux hommes politiques du pays, le président burkinabè a fait son mea culpa, assurant que rien n’avait été fait ces dernières années pour les populations du Burkina Faso.
Il a beau être « optimiste » et avoir « foi » pour arriver à redresser son pays, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition au Burkina Faso, a tapé du poing sur la table. Face aux acteurs politiques du pays et aux organisations de la société civil, le nouvel homme fort du Burkina Faso a tancé ses prédécesseurs à propos de la situation sécuritaire.
La rencontre a eu lieu les 10 et 11 novembre derniers. Face au capitaine, des partisans de l’ancien président Kaboré, comme Clément Sawadogo, du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), ou des anciens dirigeants, à l’instar de l’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao ou de l’ex-ministre des Affaires étrangères Ablassé Ouédraogo. Si ces derniers s’attendaient à des discussions franches, ils ont eu le droit à des remontrances en bonne et due forme.
Car Traoré a décidé de mettre tout le monde face à ses responsabilités. « Chacun doit pouvoir faire un mea culpa et se demander : ‘Qu’est-ce que j’apporte à cette patrie ?’ », a déclaré le président burkinabè, qui a tenu à montrer que la situation dans le pays était bien loin de ce que l’on pouvait imaginer. « Dans les grandes villes, la vie est toute autre. Hors de ces villes, vous n’imaginez pas ce qui se passe », a-t-il expliqué.
Et maintenant ?
Il a surtout été question de la situation sécuritaire du Burkina, Traoré demandant à son auditoire s’il était « conscient que le territoire est presque perdu ». Pour le nouveau président de la Transition, « c’est nous qui avons créé cette situation, la gouvernance, on a tout fait pour abandonner certains peuples, on ne pense qu’à nous. On n’a aucune pitié pour les autres… Vous êtes bien conscients que le pays n’est pas pauvre, c’est parce qu’on est méchant ». Une attaque terrible contre la classe politique, accusée de ne pas agir.
Le président Traoré a rappelé l’existence de « la seule route Kongoussi-Djibo » et de ponts qui « datent des années 1950 ». Et l’absence de moyens pour traverser la Sirba. Le militaire assure avoir tenté de prévenir des dangers d’abandonner le peuple. « J’ai écrit un rapport, en son temps, la guerre n’était pas là. On n’a rien fait », assure-t-il, avant de demander « que chacun fasse son introspection ».
Une indignation qui devrait faire écho et, surtout, amener les gouvernement en place à agir. « Tout le monde roule dans sa voiture, tout le monde vit bien, c’est la démocratie, c’est le droit, c’est tout ce que nous connaissons à Ouagadougou, a poursuivi Traoré. Il y a des gens qui mangent l’herbe. Tant qu’on ne va pas soigner quelques maux de ce pays, on sera toujours révoltés, il y aura toujours la révolte ».
Mais que faire désormais ? Après avoir tancé la classe politique, le capitaine Traoré devrait fixer des objectifs clairs à son gouvernement. Ibrahim Traoré avait pris le pouvoir au Burkina Faso après avoir déploré l’échec, notamment sécuritaire, de ses prédécesseurs. Désormais, il semble vouloir engager d’autres réformes, sur tous les plans.