Des comptes de Tunisair ont été saisis par la justice après des chèques impayés. La compagnie aérienne va-t-elle pouvoir surmonter cette nouvelle crise ?
Les salaires des plus de 3 000 employés de Tunisair seront-ils versés le 1er novembre prochain ? En grosses difficultés, la compagnie aérienne tunisienne a, jusqu’à aujourd’hui, réussi à tenir le coup malgré la pandémie, les problèmes mécaniques ou encore ses dettes. Mais depuis que des chèques impayés ont été signés par le Fonds social de retraite de Tunisair pour payer des primes de départ à la retraite, la situation va de mal en pis. Le mois dernier, l’avocat Jamel Mars, qui s’occupe des agents lésés — les retraités, mais également des salariés qui auraient dû bénéficier de promotions et donc d’augmentations salariales —, a réussi à effectuer des saisies conservatoires sur plusieurs comptes de Tunisair.
Jeune Afrique estime le montant du litige à une somme comprise entre 14 millions et 20 millions de dinars. Il serait de 40 millions de dinars selon les médias locaux. Un nouveau coup dur après le bras de fer entre Tunisair et la société aéroportuaire turque TAV. Mais du côté des la compagnie, on assure que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que les salaires seront bien versés à la fin du mois. Mais combien de temps la compagnie aérienne tunisienne peut-elle encore tenir ? D’autant qu’une note interne de Tunisair a fuité, fin septembre, indiquant les difficultés de la compagnie à honorer ses salaires et primes du mois d’octobre.
L’État tunisien doit-il se débarrasser de Tunisair ?
Ce mercredi, indique la presse tunisienne, une réunion est organisée pour évoquer le problème des comptes saisis. Au journal al-Chourouk, lundi dernier, l’avocat des employés s’est dit prêt à « négocier une formule consensuelle, garantissant leurs droits financiers, et tenant compte de la situation financière de la compagnie ». Mais quelles garanties Tunisair apportera-t-elle aux 1 700 agents à qui elle doit de l’argent ?
De façon étonnante, l’UGTT, la principale centrale syndicale du pays, soutient un accord à l’amiable. Et assure ne pas être à l’origine de l’affaire actuellement discutée par les responsables. Mais l’UGTT confirme qu’« il y a eu des vrais manquements de la part de Tunisair ». Quant à l’État, il semble désemparé : il n’a pas fait appel de la décision de première instance de saisie des comptes. Lassé par les affaires concernant sa compagnie aérienne, l’État doit désormais tenter de trouver une solution à la dette, estimée à un milliard d’euros au moins, à la grogne sociale et à une UGTT toute-puissante au sein de Tunisair.
Et forcément, dans les couloirs du palais présidentiel, on réfléchit activement à une privatisation de la compagnie aérienne, qui pourrait permettre de sauver les meubles. D’autant que, actuellement en négociations avec le FMI, Tunis verrait d’un bon œil que le gouffre financier dû aux problème de Tunisair se résorbe enfin.