Limogé de son poste à la tête de l’armée, le fils du président ougandais Yoweri Museveni peut-il encore prétendre à la succession de son père à la présidence ?
Muhoozi Kainerugaba, le fils du président ougandais Yoweri Museveni, est considéré comme l’un des potentiels successeurs de son père à la tête du pays. Notamment depuis juin 2021 : le président avait alors désigné Muhoozi Kainerugaba au poste de commandant de l’armée de terre, qui était également haut conseiller présidentiel chargé des opérations spéciales. Muhoozi Kainerugaba, à l’occasion de ses 48 ans en avril dernier, avait montré ses ambitions en faisant notamment la fête avec Paul Kagamé, le président rwandais, et avec un parterre d’invités triés sur le volet.
Pourtant, officiellement, « Muhoozia » n’a jamais affirmé vouloir succéder à son père et laisse volontiers les médias et les observateurs commenter la situation sans intervenir. Et ce n’est pas sa désignation à la troisième place dans l’organigramme militaire ougandais qui allait calmer les spéculations sur l’avenir du dauphin.
Il faut dire que, parmi les quatre enfants de Museveni et de la Première dame, Muhoozi Kainerugaba est le seul à avoir choisi l’armée. En 2009, il devient commandant du Groupe des Forces spéciales. « Muhoozia » est alors scruté par les cadres du parti au pouvoir, qui voient en lui le futur président ougandais. Pressenti pour se présenter en 2016, son heure ne viendra finalement pas.
Vers une lutte fratricide ?
En 2017, « Muhoozia » n’est cependant pas écarté de la politique, bien au contraire : il devient conseiller du président, mais il dispose de nombreux opposants en interne. En particulier de la part de l’ex-compagnon de lutte de Museveni, Amama Mbabazi, ancien Premier ministre, qui se verrait bien prendre la succession du chef de l’État.
Une option qui, après le limogeage de « Muhoozia », pourrait s’avérer de plus en plus crédible. Mais dans les faits, Muhoozi Kainerugaba a été remplacé par le général Muhanga Kayanja, dont le frère Andrew Mwenda est un proche de… Kainerugaba. Et le fils Museveni est loin d’être hors course : il a en effet été promu au grade de général quatre étoiles.
Malgré les apparences, « Muhoozia » n’a certes pas le statut indéboulonnable de dauphin, mais il reste dans la course à la haute magistrature. Certes, Museveni n’est pas encore décidé à quitter la présidence du pays. Mais il a d’ores et déjà intérêt à désigner son successeur pour éviter une guerre fratricide au sein du parti présidentiel.
Reste que les sorties de son fils sur les réseaux sociaux pourraient lui coûter cher. Car Museveni Junior, qui venait de publier sur Twitter qu’il faudrait « deux semaines à son armée pour capturer Nairobi », la capitale du Kenya voisin, est un habitué des phrases choc. En 2026, « Muhoozia » espère être désigné candidat. Pour ce faire, il devra d’abord quitter l’armée et obtenir l’approbation de son père.