Réagissant aux sanctions prises par la Cedeao contre la Guinée, la junte malienne fustige la Cedeao, qui ne soutient selon elle pas assez les transitions africaines.
A quoi sert encore la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ? C’est, en substance, la question posée par le gouvernement de la Transition du Mali. Rebondissant sur les sanctions contre la Guinée, ce dernier « souligne que l’objectif de la Cedeao est d’améliorer les conditions de vie des populations et non d’adopter des sanctions contre-productives les affectant ». Depuis plusieurs années, l’image de la Cedeao ne cesse de s’écorner. C’est encore plus vrai ces derniers mois avec une série de sanctions contre le Mali, la Guinée mais aussi le Burkina Faso, qui ont inévitablement touché les populations de ces trois pays.
Le 22 septembre dernier, la Cedeao a annoncé plusieurs mesures contre la junte au pouvoir en Guinée. Un gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyager pour « les membres des autres institutions de la transition et toute autre personne cherchant à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée dans un délai raisonnable » ont été prononcés par l’instance sous-régionale.
Le « syndicat des présidents » menacé ?
Moins d’une semaine plus tard, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, s’est emporté contre ces sanctions et a rappelé « la solidarité et la fraternité entre le Mali et la Guinée ». Bamako s’est tout simplement « désolidarisé de toutes les sanctions illégales, inhumaines et illégitimes prises à l’encontre de la République sœur de Guinée et ne leur réservera aucune suite ».
Une réaction qui pourrait en amener une autre : le Mali précise qu’il n’écarte pas « d’adopter, si nécessaire, des mesures pour assister la République de Guinée, afin d’annihiler les conséquences de ces sanctions inutiles contre le peuple et les autorités de la Guinée ». Une façon de menacer de quitter la Cedeao si ces sanctions ne sont pas annulées ?
En tout cas, le Mali rappelle à la Cedeao qu’elle est là pour « accompagner » les autorités de transition des différents États ouest-africains, notamment« pour mener des réformes politiques et institutionnelles qui contribueraient à renforcer la bonne gouvernance et la stabilité ».
Le Mali, qui a déjà quitté le G5-Sahel, pourrait donc menacer de claquer la porte de la Cedeao. Reste à savoir si l’instance reverra, à court terme, ses positions concernant la Guinée. En attendant, la Cedeao agit une nouvelle fois en « syndicat de présidents » qui voient d’un mauvais œil d’être sur la sellette et qui préfèrent militer pour les troisièmes mandats que pour des transitions.