Moins de deux semaines après l’attaque terroriste à Seytenga, dans le nord du Burkina Faso, les autorités sont mobilisées pour nettoyer la région. Explications.
Le 12 juin dernier, le Burkina Faso a essuyé une offensive terroriste qui a fait 86 morts civils à Seytenga, dans le nord-est du pays. Des dizaines de milliers de déplacés ont rejoint Dori, un peu plus au sud. L’attaque a été inattendue, puisque l’on pensait que les autorités militaires du Burkina Faso avait pris de l’avance dans la lutte contre les groupes terroristes. On se rappelle notamment du bombardement, le 26 mai dernier, qui avait eu raison d’une grande partie du commandement du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.
Mardi dernier, le chef de la junte burkinabè, Paul-Henri Sandaogo Damiba, a reçu ses deux prédécesseurs Jean-Baptiste Ouédraogo et Roch Marc Christian Kaboré. Objectif : confirmer « la volonté de réconciliation du chef de l’État pour un Burkina uni, déterminé et solidaire dans la lutte contre l’hydre terroriste ».
Une réconciliation entre président de la transition et ex-présidents qui serait plus que symbolique au moment où l’armée et le gouvernement du Burkina Faso ont lancé, vendredi, une opération d’évacuation couvrant la zone limitrophe avec le Mali d’un côté, et le Bénin de l’autre. Une région habitée par 1,4 million de Burkinabés. Les forces armées ont donné aux civils deux semaines afin d’évacuer la région et rejoindre les camps fraîchement installés.
« Distinguer les amis des ennemis »
Dans moins de deux semaines, à partir du 8 juillet, donc, l’armée déclarera la région évacuée — 13 000 kilomètres carrés au total —, telle une zone militaire. Selon le porte-parole de l’armée et commandant des opérations nationales du Burkina Faso, Yves Didier Bamouni, « il est important de distinguer les amis des ennemis ».
« La promesse faite par le chef de l’Etat aux populations de Seytenga sera tenue », a promis Bamouni. En effet, après l’attentat de Seytenga, Paul-Henri Damiba avait promis de démanteler les groupes terroristes dans ces « zones d’intérêt militaire » où « toute présence humaine » sera interdite.
Selon le médiateur de la Cedeao pour le Burkina Faso, l’ex-président du Niger Mahamadou Issoufou, les autorités du Burkina Faso « ne contrôlent que 60 % du pays ». Ouagadougou serait confronté, explique-t-il, à « une crise sécuritaire, humanitaire, politique et socio-économique ».
Le Burkina Faso cherche-t-il le soutien des pays voisins ?
L’installation des zones militaires a eu des résultats différents en Afrique. Certains pays, comme la Mauritanie, l’Egypte et l’Algérie, ont enregistré des succès à la suite d’opérations militaires similaires. Tandis que d’autres, à l’instar de la RDC, du Nigéria et de la Somalie, ont échoué, par la suite, à reprendre le contrôle des régions menacées par les terroristes. Et doivent donc composer avec une masse ingérable de réfugiés.
Pour le Burkina Faso, le défi est d’autant plus grand car la région du nord et du sud-est fait office de territoire de transition pour les combattants des groupes terroristes et leurs différents trafics. De surcroît, Ouagadougou est en grand manque d’alliés militaires.
Pourtant, le Burkina Faso n’a pas rappelé ses troupes engagées au Mali et au Nigéria auprès des Casques bleus de l’ONU. La raison ? Paul-Henri Damiba semble chercher le soutien des pays voisins. Le Bénin et le Togo, en particulier, ont investi beaucoup de ressources dans la protection des régions frontalières avec le Burkina Faso, sans grand succès. Une opération conjointe expliquerait, notamment, l’inclusion des anciens présidents dans la discussion des problèmes sécuritaires.
Seul hic : la Cedeao pourrait tenter de faire plier la junte militaire du Burkina en cas d’octroi d’une telle aide.