En Ouganda, la filiale du géant des télécommunication indien Airtel a annoncé qu’elle ferait son entrée en bourse. L’opérateur est en plein boom et se fixe comme objectif de dépasser son concurrent MTN.
Airtel Uganda, la filiale de Bharti Airtel, l’opérateur de téléphonie mobile indien, commence à faire de l’ombre à l’opérateur sud-africain MTN. Avec plus de 10 millions d’abonnés dans la « Perle de l’Afrique », la société a annoncé sa prochaine introduction en bourse.
« Nous serons très probablement cotés à la bourse ougandaise d’ici décembre 2022 », a déclaré le directeur général d’Airtel Uganda, Manoj Murali. Si le dirigeant de la société de télécommunication ne précise pas les tenants et les aboutissants de cette introduction en bourse (IPO), on découvre que cette dernière concernera 20 % de son capital au moins.
En effet, en renouvelant sa licence en Ouganda en 2020, Airtel avait signé une clause l’obligeant à inscrire au moins 20 % de son capital à la bourse nationale.
Mais alors qu’Airtel a dépassé les 10 millions d’abonnés, ce qui correspond à une hausse de 5 % de parts de marchés dans les télécoms ougandais, en moins d’un an, les bénéfices n’encourageraient-ils pas le géant indien à s’investir davantage dans les finances ougandaises ?
Ce qu’Airtel peut retenir de l’IPO de MTN
Alors qu’Airtel et le gambien Africell sont désormais les deux oustiders incontestés du marché, MTN voit son hégémonie fragilisée. Si l’opérateur sud-africain perd progressivement sa clientèle — estimée à 15 millions d’abonnés actuellement —, notamment en raison d’une qualité de connexion internet qui patine, les enjeux financiers vont peser sur cette guerre des réseaux.
MTN Uganda avait été le premier opérateur à proposer des actions à la bourse ougandaise en décembre, dans le cadre de sa nouvelle licence. L’IPO de MTN avait alors été fortement sous-financée par déficit de souscriptions. Il n’empêche que la cotation en bourse de l’opérateur sud-africain a été habilement menée, en termes de communication. Ses bénéfices, qui avaient augmenté de 6,6 % par rapport au dernier trimestre de 2021, sont néanmoins restés inférieur de moitié aux prévisions. Et beaucoup d’investisseurs y ont perdu de l’argent.
Un contexte qui explique l’hésitation d’Airtel quant à la révélation de la date exacte de son IPO. Si la société de télécommunications peut reculer jusqu’à novembre 2022 son entrée en bourse, elle ne pourra dépasser cette échéance.
Mais si Airtel peut apprendre une leçon de l’IPO de MTN, c’est que le prix bas des actions — à 200 shillings ougandais chacune — aurait dû naitre d’une discussion préalable avec des investisseurs solides et crédibles. Le timing est également un enjeu important. Pour Airtel, il est encore temps de choisir. Et alors que la bourse ougandaise reste au beau fixe, avec des prévisions de stabilité pour les mois à venir, Airtel n’a pas le droit à l’erreur.