Tanguy Gahouma, président du Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique, à l’aube de la COP26, déplore l’inexactitude des chiffres présentés par le G20 sur le financement de la lutte contre le changement climatique.
Le président du Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique, qui seront présents à partir du 1er novembre à Glasgow pour la COP26, Tanguy Gahouma, a appelé à mettre en place un système pour suivre le financement de la lutte contre le changement climatique. Ce dernier, promis par le G20, n’a toujours pas atteint son objectif annuel de 100 milliards de dollars. Plus grave encore, les 20 plus grandes économies du monde, responsables de plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre, « disent qu’ils ont atteint peut-être 70 % de l’objectif. Mais nous ne pouvons pas le voir », déplore Tanguy Gahouma.
Le responsable gabonais insiste : « Nous devons avoir une feuille de route claire sur la façon pour savoir comment ils mettront sur la table les 100 milliards de dollars par an, et comment nous pouvons suivre cela ». « Nous n’avons pas de temps à perdre et l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables du monde », conclut Gahouma.
L’engagement du G20 a été adopté en 2009. Il s’agissait pour les pays développés de lever 100 milliards de dollars par an afin d’aider les pays en développement à faire face aux retombées du réchauffement climatique. Pourquoi ? Simplement parce que les pays les plus développés sont aussi les premiers pollueurs du monde. « Si quelqu’un est responsable de quelque chose, c’est à lui de payer pour cela », résume Tanguy Gahouma.
Or, si le montant d’aide à la lutte contre le réchauffement climatique a, en effet, augmenté, il est loin du montant promis, et l’utilisation des fonds n’est pas transparente.
Insuffisance des fonds
Les dernières estimations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent que le financement du G20 a atteint 79,6 milliards de dollars en 2019, soit seulement 2 % de plus qu’en 2018. Les données de l’OCDE montrent également que les pays asiatiques ont reçu en moyenne 43 % du total des financements climatiques pour la période 2016-2019, tandis que l’Afrique en a reçu 26 %. Gahouma affirme qu’un système partagé plus détaillé est nécessaire pour garder une vision claire de la contribution de chaque pays et de l’affectation de cette dernière.
Les températures en Afrique augmentent à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale, selon le dernier rapport de l’ONU sur le climat. Les Nations unies prévoient qu’un réchauffement supplémentaire entraînera des vagues de chaleur plus extrêmes, de graves inondations côtières et des précipitations intenses sur le continent. Si, en effet, les pays africains sont engagés dans une lutte vitale contre le réchauffement climatique, à travers plusieurs initiatives comme les projets nationaux d’économie verte, la lutte contre la désertification etc., les pays africains ne sont pas les premiers responsables de la catastrophe climatique.
Un apartheid climatique ?
De surcroît, selon les estimations des spécialistes, les 100 milliards de dollars ne suffisent pas à accomplir les projets écologiques nécessaires à cette lutte. Même si le G20 payait entièrement les 100 milliards promis, le chiffre devrait être multiplié par dix avant 2030. « Le chiffre des 100 milliards de dollars était un engagement politique. Il n’était pas basé sur les besoins réels des pays en développement pour lutter contre le changement climatique », affirme Gahouma.
Les défis ne manquent pas pour l’Afrique, donc. Mais les pays africains sont confrontés à un défi supplémentaire, rien que pour donner de la voix sur le sujet : les obstacles administratifs pour entrer au Royaume-Uni, assister à la COP26, et voyager pendant la pandémie de la Covid-19 font que des délégations plus petites que d’habitude peuvent assister à l’événement. « Des délégations limitées, avec un travail énorme et un temps limité. Ce sera très difficile », résume, avec dépit, Gahouma.