Le 1er novembre prochain débute la COP26 en Ecosse. Les Africains, au travers du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, tenteront de mobiliser la communauté internationale sur les enjeux climatiques en Afrique.
La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26) débutera à Glasgow le 1er novembre prochain. A un peu plus d’un mois de cet événement, du côté de la République du Congo, on se prépare activement. Denis Sassou N’Guesso, le chef de l’Etat congolais, sera en effet du voyage pour évoquer le Fonds bleu pour le Bassin du Congo, instrument financier de la Commission climat du Bassin du Congo (CCBC), qu’il préside.
Lancé lors de la COP22 au Maroc, le Fonds bleu pour la Bassin du Congo est, selon la Fondation Brazzaville de Jean-Yves Ollivier, initiateur du Fonds bleu et qui accompagne cette initiative, « un enjeu africain et planétaire ». En effet, indique la ministre congolaise de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault, « le Bassin du Congo représente près de 10 % de la biodiversité mondiale et 30 milliards de tonnes de gaz à effet de serre capturées par ses tourbières ». Considéré comme l’un des poumons de la planète, à l’instar de la forêt amazonienne, le Bassin du Congo fait figure de priorité pour la lutte contre le réchauffement climatique. Et l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche a été une bonne nouvelle pour la planète. Le président américain a rappelé ses engagements contre le réchauffement climatique et a promis de ne pas laisser l’Afrique sur le bord de la route.
Mais le temps presse, pour la CCBC et le Fonds bleu. « Il nous reste à doter ce dernier des ressources aussi bien publiques que privées nécessaires pour accompagner les projets issus des états membres et leurs contributions aux engagements sur l’Accord de Paris sur le climat », estime Arlette Soudan-Nonault, qui indiquait, lors d’une conférence de la Fondation Brazzaville, que « nous sommes faces à une bombe à retardement qui nous intime d’avancer le plus rapidement possible ».
Car si le Fonds bleu est une initiative africaine, il est surtout un outil au service du bien commun mondial. Un outil qui réunit 17 pays africains. Reste qu’une mobilisation publique et privée est aujourd’hui l’un des enjeux du Fonds bleu, qui est encore loin d’avoir atteint les objectifs de financement. Pour Emmanuel Beau, spécialiste des financements innovants pour l’environnement en Afrique, le Fonds bleu doit s’appuyer sur les mécanismes existants, comme les crédits carbone pour la reforestation ou les crédits énergie renouvelable.
Pourquoi le Bassin du Congo est-il un si grand enjeu pour le continent ? Ce dernier fournit de la nourriture, de l’eau et un abri à plus de 75 millions de personnes. Mais il joue également, rappellent les spécialistes, « un rôle crucial dans l’absorption du carbone et la régulation du climat mondial ». Avec les déforestations massives et le réchauffement climatique, le Bassin du Congo est cependant menacé — En 15 ans, la République démocratique du Congo a perdu 6 % de sa surface forestière. Si rien n’est fait, le Bassin pourrait avoir totalement disparu de la carte à la fin du siècle.
L’indispensable mobilisation des pays en développement
La COP26 est donc d’ores et déjà un tournant pour le Fonds bleu pour le Bassin du Congo. Il faut, indique la CCBC, « faire en sorte que la COP26 prenne les dispositions nécessaires pour sauver la Terre, notre Terre, du désastre qui menace son existence ». Il s’agit ni plus ni moins que « l’enjeu majeur de ce début de millénaire, car tous les feux se mettent au rouge dans ce domaine comme le démontrent de façon accablante les nombreux rapports publiés ces derniers mois par les scientifiques des cinq continents ».
La mobilisation africaine, au travers de la participation de 17 pays au Fonds bleu, est donc un passage obligé. « Comme les grandes puissances industrielles, qui sont les premières responsables de ce crime, discourent plus qu’elles n’agissent, il est de plus en plus clair que ce sont les nations du Tiers-Monde — Amérique latine, Asie du Sud et surtout Afrique — qui doivent maintenant se mobiliser afin d’empêcher que se produise le pire à plus ou moins brève échéance », écrit la CCBC.
L’Afrique devra donc, lors de cette Conférence de Glasgow sur les changements climatiques, se faire entendre. « Si la COP 26 de Glasgow donne à cette partie du globe qui est devenue le premier poumon de la planète la place qui lui revient de droit dans la préservation de la nature, les lignes bougeront enfin sérieusement sur ce champ stratégique », assure la CCBC. Le président congolais Denis Sassou N’Guesso sera le porte-parole de cette initiative.
Le Premier ministre de la République du Congo, Anatole Collinet Makosso, a effectué une visite à Paris à la fin du mois d’août. « Sur le plan écologique, nous sommes à la veille d’un grand événement avec la COP26 organisée à Glasgow. Le Congo est porteur d’un vrai projet de protection de l’environnement et du climat, il était donc nécessaire de rencontrer nos partenaires français pour être certains de parler ensemble d’une même voix », insiste le Premier ministre. Il est surtout question de l’enjeu du financement du Fonds bleu. Et cette COP26 sera déterminante, à ce niveau, pour l’avenir du poumon africain de la planète.