De nombreux incendies sont recensés en Afrique du Nord et en Afrique centrale. Des feux qui n’ont pas forcément les mêmes origines…
Chaque été ou presque, c’est la même histoire. Et elle est plutôt triste. Des incendies ravagent plusieurs régions du monde, de l’Amérique du Sud, où la situation inquiète en Amazonie, aux Etats-Unis. Et que dire de la Grèce, qui a été particulièrement touchée ces derniers jours ? L’Afrique du Nord, actuellement sous une chaleur éclatante, n’échappe pas aux drames. Rien qu’en Algérie, plus de soixante-dix incendies ont frappé le nord du pays en à peine 23 heures. Et à y regarder de plus près la carte en temps réel des incendies, produite par la Nasa, on remarque que le centre du continent africain est lui aussi sous les flammes : Zambie, Malawi, Congo, Gabon, Ouganda… Autant de pays qui voient des hectares de forêts partir en fumée.
Si la chaleur est sans aucun doute le facteur commun, qui attise les feux de forêt, les causes sont différentes selon les régions. Ainsi, en Kabylie, les autorités affirment qu’une cinquantaine d’incendies ont été « d’origine criminelle ». Mais les fortes températures et le vent plutôt fort ont compliqué les actions des pompiers. On compte une dizaine de victimes chez les secouristes algériens. En Tunisie également, plusieurs feux ont nécessité l’intervention des pompiers, au nord de Béja ou encore dans le Jebel Sammama.
L’Afrique subsaharienne n’est pas épargnée. Mais chaque année, si la région brûle, pourquoi en parle-t-on si peu dans les médias ? L’Agence spatiale européenne estime que les incendies en Afrique subsaharienne sont « courants à cette période de l’année », mais les données sont alarmantes : la région concentrerait à elle seule près de 70 % des terres brûlées de toute la planète. Les dirigeants africains n’ont cependant pas apprécié, en 2019, que le monde ait les yeux rivés sur les incendies dans les différents pays de la sous-région. Emmanuel Macron avait même promis une aide logistique à l’Afrique.
En Afrique centrale, une méthode agricole
Tosi Mpanu Mpanu, ambassadeur et négociateur climat pour la République du Congo aux conférences consacrées au climat des Nations unies s’était emporté : « La forêt brûle en Afrique mais pas pour les mêmes causes » que l’Amazonie, avait-il alors répondu. En effet, si les incendies en Amérique du Sud étaient dus à la sécheresse et au changement climatique, « en Afrique centrale, c’est essentiellement dû aux techniques agricoles », avait rassuré le diplomate congolais. La Nasa confirme, dans un rapport, que ces feux sont lancés par des agriculteurs pour défricher leurs terres. Une technique nommée « slash and burn », qui permet de préparer à moindres coûts la prochaine saison agricole.
S’ils sont volontaires et maîtrisés, ces incendies ont pourtant des répercussions environnementales. En 2019, le service de surveillance et d’évaluation de la qualité de l’air de La Réunion estimait que « durant l’hiver austral (qui a lieu du 21 juin au 22 septembre, ndlr), la couche limite et la troposphère au-dessus de La Réunion sont impactées par des polluants primaires et secondaires issus du brûlage de la biomasse qui ont lieu annuellement en Afrique et à Madagascar ». Outre l’agriculture, les arbres sont également brûlés pour produire de l’énergie ou abattus pour l’industrie du bois.
La technique de l’agriculture itinérante sur brûlis présente d’ailleurs aussi des dangers à long terme : elle est la première cause de la déforestation en Afrique. Ces dernières années, le président congolais Félix Tshisekedi a prévenu que, « au rythme actuel d’accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l’horizon 2100 ». Depuis 2003, le couvert forestier de la République démocratique du Congo est passé de 67 à 54 %. Plusieurs pays africains se sont engagés à prendre des mesures contre la déforestation.