Le projet sénégalais pour la construction d’une nouvelle unité de production de vaccins contre la Covid-19 avance à grands pas. Les accords de financement ont été signés.
Le président sénégalais Macky Sall a visité plusieurs Centres de traitement des épidémies (CTE). Il a profité de sa tournée pour saluer les efforts des personnels médicaux sénégalais. Le pays connait une nouvelle vague de Covid-19, aggravée par l’apparition des nouveaux variants et le non-respect des gestes barrières.
Si elle a été lancée en février dernier, la campagne de vaccination a pris du temps à se mettre en place, au Sénégal comme ailleurs. Dans la journée de mardi, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a réceptionné 332 000 doses du vaccin Sinopharm et 136 000 doses J&J. Le pays compte aujourd’hui plus de 660 000 personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19.
Après des rassemblements le jour de la Tabaski, l’Etat sénégalais doit désormais prendre des mesures. Et plutôt que d’être dépendant de l’envoi de doses de vaccin, qui reste aléatoire, Macky Sall veut « jeter les bases de la souveraineté pharmaceutique et médicale du pays » et « participer à la réalisation de celle du continent », indique le ministre de l’Economie Amadou Hott.
Pour doter le Sénégal de ses propres structures de fabrication des vaccins, l’Etat compte sur ses partenaires internationaux. Et ces derniers ont d’ores et déjà fait preuve de solidarité. Outre la collaboration de l’Institut Pasteur de Dakar, des aides allemandes, françaises et américaines ont été accordées depuis le 21 juillet.
Un pas vers l’autonomie vaccinale, mais avec quel vaccin ?
L’unité qui produira les vaccins sera installée dans les locaux de l’Institut Pasteur, et elle devrait produire 25 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 par mois, avant la fin de 2022, selon le gouvernement.
Un projet indispensable pour le Sénégal, mais également pour le continent. Actuellement, peu de pays se sont vu accorder les licences de fabrication des vaccins. Et certains de ceux qui en ont obtenues – l’Egypte, l’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud – seront limités par les quotas imposés par les laboratoires.
L’autorisation pour les pays africains de vendre des vaccins fait actuellement le débat au sein de l’OMC. Pour le Sénégal, une diplomatie offensive a permis au pays d’avancer dans ce dossier. La vitesse record avec laquelle les aides financières internationales ont afflué en sont les premiers indices.
Seul détail qui ne semble pas encore réglé : la question du laboratoire pharmaceutique qui accordera sa licence au Sénégal. L’Etat sénégalais a profité de l’initiative de l’Union africaine Covax. Mais, il a également fait importer des vaccins Sinopharm, AstraZeneca ou encore Johnson & Johnson.
Le responsable du dépistage au sein de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le Dr Cheikh Sokhna, s’est félicité de la perspective de fabriquer des vaccins au Sénégal. Il estime qu’« en produisant nos vaccins sur le territoire, les populations pourront être plus rassurées ». En effet, comme le président Macky Sall l’a fait remarquer plusieurs fois, le boycott des vaccins AstraZeneca a provoqué beaucoup de gaspillage ces derniers mois. On est encore loin de l’objectif affiché de 4 millions de vaccinés d’ici à la fin de l’année 2021. De quoi vouloir faire un pas supplémentaire vers « l’autonomie » vaccinale du pays.