Au Burundi, l’Etat a accéléré les efforts de valorisation des ressources minières du pays. Après que le président Evariste Ndayishimiye a exprimé le souhait de renégocier les contrats d’exploitation, le gouvernement a suspendu l’activité de toutes les entreprises du secteur.
Au Burundi, le grand ménage a commencé. « L’Etat, propriétaire du sol burundais et des minerais, n’en tire pas le profit qu’il devrait », indique une lettre envoyée aux entreprises minières étrangères actives au Burundi. Le ministre des Mines, Ibrahim Uwizeye, dénonce par ailleurs, dans la même lettre, les « nombreux manquements au code minier » dont sont accusées ces compagnies. Sept sociétés minières internationales ont reçu cette même lettre jeudi. Pour le gouvernement, les conventions d’exploitation minière actuelles sont déséquilibrées. Le chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye, souhaite établir une relation gagnant-gagnant avec les sociétés minières opérant dans le pays.
Cette étape, qui montre le grand courage du pouvoir burundais, intervient dans un contexte diplomatique favorable. Le Burundi joue actuellement le rôle de levier des relations entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est. Le président Ndayishimiye a effectué un retour en force de la diplomatie de son pays dans les deux sous-régions. Non seulement il a signé des accords de coopération avec la RDC, mais aussi avec la Tanzanie et le Kenya. Actuellement, le Burundi est bien placé pour faire valoir sa souveraineté, dans tous les domaines. Cela passera indubitablement par une nationalisation du secteur minier industriel. Les royalties et parts des entreprises publiques dans le secteur minier ne correspondent simplement pas aux montants récoltés par les compagnies minières internationales.
5. Je suis donc heureux d’être à #Kinshasa et d’avoir assisté à la signature des accords qui vont redynamiser les échanges commerciaux, sociaux, politiques et diplomatiques entre le #Burundi et la #RDC. Nos liens d’amitié et diplomatiques étaient déjà excellents et solides. pic.twitter.com/RdFb81Srtq
— SE Evariste Ndayishimiye (@GeneralNeva) July 13, 2021
Une industrie minière plus souveraine
Le Burundi est doté d’importants gisements de terres rares, d’or, de fer et de cuivre. Le défunt président Pierre Nkurunziza se targuait d’ailleurs du « véritable trésor » sur lequel le Burundi serait assis. Il avait promis, en 2015, que « le Burundi va dire adieu à la pauvreté ». Or, les contrats signés alors entre le régime Nkurunziza et les compagnies minières prévoyaient uniquement 10 % des bénéfices pour l’Etat, et pas de royalties.
A la lumière de la découverte de nouveaux gisements, le président Evariste Ndayishimiye avait mis un frein à la cession des contrats miniers aux entreprises étrangères. Toutefois, les compagnies nationales n’ont pas les capacités techniques pour mener une exploitation efficace et concurrentielle de ces gisements.
Donc, profitant des nouveaux contrats de transport et d’infrastructure signés avec les Etats africains voisins, Ndayishimiye a fait d’une pierre deux coups. Premièrement, il a mis un terme à l’isolement du Burundi. Il compte sur l’amitié retrouvée avec Kenyatta, Félix Tshisekedi et Samia Suluhu Hassan, entre autres, afin d’imposer la voix burundaise dans les deux sous-régions. Deuxièmement, il a mis sous pression les compagnies minières occidentales, avant d’arrêter complètement leurs activités en attendant de renégocier les contrats en faveur de l’Etat. Enfin, surtout, il désire attirer de nouveaux investisseurs pour les gisements découverts en décembre 2020.
Parmi les sept compagnies minières touchées, Gakara est l’unique acteur minier des terres rares en Afrique. Sur un autre plan, Ndayishimiye compte montrer l’exemple en luttant contre la corruption au sein des instances de l’Etat. Les contrats miniers remis en cause auraient été « signés dans l’opacité totale ». Le président cherche à se démarquer par rapport à son défunt prédécesseur, accusé d’avoir reçu des pots-de-vin contre la signature de contrats pourtant désavantageux pour l’Etat.
🔴🇧🇮🇹🇿 #Burundi–#Tanzania La présidente @SuluhuSamia reçue en grande pompe au perron de @NtareHouse par son homologue @GeneralNeva.
21 coups de canon ont été tirés. Aucun chef d’État étranger n'avait jusqu'ici eu droit à tels honneurs.
8 memoranda d'entente seront signés pic.twitter.com/uLqv70kTxf— Ikiriho (@Ikiriho) July 16, 2021