Deuxième pays producteur de diamants au monde, le Botswana est une référence mondiale du secteur. Toutefois, les diamants botswanais passent progressivement sous le contrôle d’un acteur privé unique.
Au Botswana, le secteur minier, dominé par l’extraction de diamants, est l’un des plus performants et bénéfiques. Il rapporte à lui seul 22 % du produit intérieur brut (PIB) et 38 % des recettes budgétaires de l’Etat, et représente 80 % des exportations et 23% des recettes douanières. Gaborone est la capitale du diamant par excellence. Le Botswana est le premier producteur africain de diamants, et le second au monde après la Russie. Dans le monde du diamant, Gaborone rivalise avec Anvers, en Belgique, et Mumbai, en Inde.
Néanmoins, la récession due à la Covid-19 a provoqué une contraction de 8,3 % du PIB botswanais en 2020. Ce qui a forcément rappelé aux populations locales que leur économie était dépendante des acteurs privés nationaux, mais surtout étrangers, du secteur. Le Fonds monétaire international (FMI) s’en inquiétait en mai dernier, affirmant que « la forte dépendance économique à l’égard des diamants et des activités à forte intensité de contacts a entraîné une contraction du PIB des plus importantes en Afrique subsaharienne ».
Toutefois, il semble difficile pour l’Etat botswanais de se diversifier lorsqu’on sait la manne financière que lui apportent les diamants et la fiscalité sur les sociétés d’exploitation. Le Botswana prélève 22 % de taxes sur les compagnies minières et entre 10 et 15 % de redevances sur les bénéfices. Mais à mesure que les partenaires étrangers du Botswana souffrent de la récession économique, le pays en ressent l’impact comme d’ailleurs les autres Etats dépendant d’une matière première dont les prix fluctuent. Et si Jeune Afrique décrit non sans une certaine satisfaction « la success-story sud-africaine » de De Beers, qui a permis la construction d’un centre de tri et de commercialisation à Gaborone, pas sûr que le groupe, dont le siège social est basé à Luxembourg, fasse tant de bien que cela au Botswana.
De Beers, roi du diamant… et de la finance ?
La compagnie minière De Beers est le premier partenaire du pays depuis des décennies. Et dans une situation de quasi-monopole : si l’entreprise De Beers récolte 65 % des diamants extraits au Botswana, le groupe détient en réalité plus de parts de marché, puisqu’il est actionnaire à 50 % dans les deux entreprises publiques majeures du secteur, à savoir Diamond Trading Company Botswana (DTCB) et Debswana.
Les deux entreprises, fondées respectivement en 2006 et 1969, ont tout fait pour augmenter les gains de l’Etat ces dernières années. En l’occurrence, le centre de tri pour les diamants, initié par la DTCB, a immédiatement représente un bond de 2 % nets des recettes de l’Etat.
Mais en 2011, tout a changé et les bénéfices liés à la production de diamants a commencé à s’amenuiser pour Etat. La faute aux partenariats public-privé (PPP). Financièrement, le Botswana ne s’est pas vraiment retrouvé perdant, dans cette histoire. Il y a deux ans, le président de la Chambre des mines, Charles Siwawa assurait que ce PPP avait été bénéfique pour le pays. « Si l’on regarde le partenariat entre le conglomérat De Beers et l’Etat botswanais, on se rend compte que le gouvernement reçoit 85 % des revenus du diamant, et De Beers 15 %. Cette relation entre le gouvernement et De Beers a été très bénéfique pour nous », disait-il à RFI.
La raison qui avait poussé le Botswana à laisser des sociétés privées investir dans les conglomérats publics s’appuyait sur le manque à gagner de la part de l’Etat dû à l’export des diamants à Londres pour y être vendus. De Beers, en prenant des parts dans les sociétés publiques, avait alors promis d’initier la construction d’un centre de tri et de commercialisation à Gaborone. Pour quelques centaines de dollars de plus par carat, le Botswana a décidé de faire une croix sur sa souveraineté.
Et les conséquences, si elles sont presque invisibles dans les caisses de l’Etat, sont plus importantes qu’il n’y paraît : Nicky Oppenheimer, le patron de De Beers et d’Anglo American a racheté, en huit ans, 50 % des deux entreprises botswanaises. Ce n’est pas tout, car en reprenant 45 % de De Beers via Anglo American, Oppenheimer a atteint deux autres objectifs : premièrement, il a dilué l’entreprise De Beers et l’a transformée en une entreprise transnationale ; deuxièmement, il a transféré le siège social de De Beers à Luxembourg, y concentrant les devises produites par le conglomérat dans des fonds d’investissement dont il est aussi actionnaire. Enfin, malgré le désaccord de l’Etat botswanais, Oppenheimer a réintroduit Anglo American à la bourse de Londres, après le Brexit, afin de profiter des fluctuations du marché diamantifère, où il est l’un des maîtres absolus en Grande-Bretagne.
Johan Rupert-Billionaire
Koos Bekker-Billionaire
Nicky Oppenheimer-Billionaire
Together they control 90% of our mines, economy, media.. The Zuma's don't even have a 1% control.. But your math makes sense.. https://t.co/wKzT9yqwGa pic.twitter.com/U2Rq81Kth2— Sean Mr G Goss 3 (@SeanGoss31) July 14, 2021