Le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU a adopté, ce mardi, plusieurs résolution sur des crimes contre l’humanité commis par l’Erythrée dans la région du Tigré, en Ethiopie.
La séance de vote du CDH des Nations unies du 13 juillet a connu son lot de surprises. Parmi les résolutions votées, certaines concernaient la criminalisation des actions de l’armée érythréenne au Tigré, en Ethiopie. Une première résolution accuse l’armée de l’Erythrée de graves violations des droits de l’homme. La deuxième vise les soldats érythréens, qui seraient coupables de violences, notamment contre des femmes handicapées.
Lors du vote de ces résolutions, les pays africains ont majoritairement soutenu l’Erythrée ou, du moins, ont refusé d’apporter leur voix. En effet, bien qu’elle ait été adoptée, la résolution 47/L.20 du CDH a été ponctuée par un record d’abstention. Aucun pays africain n’a voté pour cette première résolution. Même si le Gabon, la Libye, la Mauritanie, le Sénégal et le Soudan avaient voté en défaveur de la résolution, cette dernière serait passée en raison de la décision du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Le HCDH avait déjà exprimé un avis unanime, condamnant les actions de l’armée érythréenne au Tigré depuis mars.
Today, the UN Human Rights Council took its first action on #Tigray since the conflict started over 8 months ago. The resolution adopted is modest but we expect this to be just a first step to addressing the crisis; and urge the HRC to take more robust action at its next session. pic.twitter.com/HSuYYU5UaJ
— Amnesty Eastern Africa (@AmnestyEARO) July 13, 2021
Faut-il sauver le soldat Afwerki ?
Depuis l’adoption de la résolution du CDH, donc, tous les crimes contre l’humanité documentés par l’ONU sont imputables personnellement aux responsables de l’armée érythréenne devant la justice internationale. Ce qui expose le président de l’Erythrée, Isaias Afwerki, à des sanctions internationales. Il pourrait être accusé lui-même des crimes, étant le commandant-en-chef des forces armées.
Aucun pays africain n’a, une nouvelle fois, voté pour cette résolution. Le Cameroun, fer de lance du bloc africain au sein du CDH, s’est rangé du côté de la diplomatie éthiopienne. Bien que l’Ethiopie ne soit pas représentée au sein du CDH, son ambassadrice aux Nations unies et ancienne ministre des Affaires Etrangères a exercé de nombreuses pressions pour éviter l’adoption de la résolution. Mahlet Hailu Guadey a déclaré que « cette résolution est une manifestation de mépris pour l’enquête en cours ».
Effectivement, une enquête a lieu actuellement. Elle devait être conduite conjointement par l’Ethiopie et l’ONU. Néanmoins, l’embargo éthiopien sur le Tigré a rendu impossible le travail des enquêteurs des Nations unies. Hailu estime que la résolution du CDH « influencerait la conclusion » de l’enquête. Pourtant, le manque de collaboration de l’Ethiopie n’est pas le seul facteur qui a poussé l’ONU à prendre cette décision. Selon le coordinateur humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, « ni l’ONU ni aucune agence humanitaire n’a de preuves du retrait érythréen annoncé depuis mars, plutôt le contraire ».
L’ambassadeur camerounais, Salomon Eheth, a également appelé l’assemblée à attendre l’issue de l’enquête. Il a estimé que la résolution du CDH « n’était pas constructive ». Le Togo, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont voté contre la résolution. Il semblerait toutefois que les efforts diplomatiques africains ne parviendront pas à épargner les griefs à Isaias Afwerki et ses généraux.
Debretsion Gebremichael first interview since #Tigray forces took back Mekelle, got Dictator Afwerki by surprise.
Even with the help of UAE drones, #Somali recruits & Amhara militias, he still lost the senseless war.#TigrayGenocide #TPLF #Tigrayisprevailing #SiyadArts pic.twitter.com/BHnmoExCtt— Siyad Arts (@artssiyad) July 11, 2021