Dans la soirée de samedi, la commission électorale en Ethiopie a finalement annoncé les résultats des élections législatives du 21 juin. Le Parti de la Prospérité (PP) d’Abiy Ahmed a remporté 421 sièges, avec 96,6 % des suffrages.
Trois semaines nous séparent des élections législatives en Ethiopie. La commission électorale a finalement prononcé les résultats du scrutin. Selon le président de la commission, Birtukan Mideksa, le Parti de la Prospérité (PP) du Premier ministre Abiy Ahmed a remporté 410 sièges au sein de la Chambre des représentants. Avec, en plus, 11 des 22 sièges réservés pour les Oromo, le PP occupera donc 421 sièges sur les 436 disputés. Une victoire écrasante donc — 96,6 % des voix —, qui garantit à Abiy Ahmed la poursuite de son mandat.
Mideska et son vice-président, Woubshet Ayele, ont déclaré que la commission avait organisé des élections crédibles. Toutefois, les partis d’opposition EZEMA et NAMA ont déposé des centaines de plaintes. Selon le chef d’EZEMA, Berhanu Nega, des miliciens auraient empêché la présence des observateurs dans quatre régions.
Toutefois, les élections ont été le premier test des urnes pour Abiy Ahmed, notamment depuis le début de la crise du Tigré. Le Premier ministre, qui a accédé au pouvoir moyennant une large coalition dans le parlement, a promis des réformes politiques et économiques. En réalité, la guerre du Tigré, les violences ethniques et les graves problèmes logistiques le jour du vote ont éclipsé les élections. De plus, le scrutin n’a pas eu lieu dans trois des dix régions de l’Ethiopie, dont les deux plus peuplées après la capitale Addis-Abeba.
On prend les mêmes et on recommence ?
Ce sera donc une Chambre des représentants de 436 qui siègera à partir de lundi en Ethiopie, 111 représentants n’ayant pas été soumis au vote des électeurs. Sans la nouvelle loi électorale qui privait le Tigré du vote, un quorum ne serait pas atteint. Les régions privées de vote abritent près de 37 millions d’habitants. Dans les autres régions, le scrutin ne s’est tenu que dans 20 % des circonscription. Et dans ces dernières, l’absence totale d’observateurs nationaux ou internationaux a donné lieu à plusieurs infractions. Cependant, le Premier ministre Abiy Ahmed parle d’élections « historiques ».
Désormais, plusieurs défis majeurs se dressent face à Abiy Ahmed. Premièrement, le revirement dans la guerre du Tigré. Depuis la prise de Mekele et d’une partie majeure de la région du Tigré par le FLPT, la situation est au point mort. Deuxièmement, le conflit sur le Grand barrage de la renaissance (GERD) dans l’Ouest oppose l’Etat éthiopien à l’Egypte et au Soudan. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour discuter de ce sujet jeudi. Pour le moment, l’Ethiopie continue de remplir le GERD, malgré la protestation internationale. L’Egypte a initié une campagne de conscription, et les médias diffusent des vidéos de propagande militaire menaçantes.
Ensuite, Abiy Ahmed devra composer avec un isolement diplomatique presque total. Une situation inhabituelle pour l’Ethiopie qui a toujours été proche des instances africaines et internationales. Actuellement, l’Ethiopie doit composer avec des ennemis. Même si les pays de la corne de l’Afrique soutiennent Abiy Ahmed, les deux Soudan, l’Ouganda, le Kenya, les pays arabes, africains et occidentaux ont pris leurs distances avec l’Ethiopie. Même Israël et les Etats-Unis, qui étaient les premiers alliés d’Abiy Ahmed, lui sont désormais hostiles. Le Premier ministre d’Ethiopie arrivera-t-il à juguler toutes ces crises ?
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